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Leur société
Retraites : Préparer la mobilisation
Après la manifestation du 1er février, puis les déclarations de Raffarin, le gouvernement a multiplié les réunions avec les dirigeants des confédérations syndicales d'un côté, des représentants du patronat de l'autre. Le ministre du Travail, Fillon, ne fait même pas semblant de discuter, et encore moins de négocier. Appliquant sans doute la méthode dite " méthode Raffarin ", il s'est contenté " d'écouter " les uns et les autres avancer leurs arguments. En clair c'est : " Causes toujours tu m'intéresses ! "
Personne, même les mieux disposés vis-à-vis du gouvernement, ne peut prétendre une seconde que celui-ci est décidé à prendre en compte, si peu que ce soit, les besoins du monde du travail face aux retraites. Ces séances d'audition ne visaient qu'à faire durer et à endormir la vigilance des travailleurs. La réponse de Fillon et Raffarin au début de mobilisation à l'occasion du 1er février est de chercher à tout engluer dans des palabres inutiles, jusqu'à ce qu'ils jugent le moment favorable pour commencer à imposer ce qu'ils veulent.
D'ailleurs si Fillon et le gouvernement évitent de trop mettre l'accent sur ce qu'ils veulent vraiment, Guillaume Sarkozy, frère du ministre de l'Intérieur et vice-président du Medef, le syndicat des patrons, vient, lui, de repréciser dans le quotidien La Tribune ce qu'attend le patronat : " Il faut aligner la durée de cotisation du public sur celle du privé et harmoniser le mode de calcul des pensions. " Quant aux salariés du privé, selon lui : " Il faut privilégier l'accroissement de la durée des cotisations. " Le même avait déjà précisé dans des déclarations précédentes : " De 42 à 45 ans de cotisation minimum " ! Enfin, le représentant du Medef a mis les points sur les i à propos de l'utilité de l'épargne retraite : " C'est aussi un moyen de drainer l'épargne vers les fonds propres des entreprises. "
Ce programme est en fait exactement celui du gouvernement. Celui-ci voudrait simplement le faire avaler à toute la classe ouvrière tout en noyant le poisson afin d'éviter des réactions trop brutales. Le résultat serait d'aggraver les reculs imposés aux salariés du privé en 1993 alors que ceux-ci n'ont même pas fini de faire sentir tous leurs effets : ceux-ci s'accentueront encore jusqu'en 2008.
Il s'agit de baisser la part qui revient au monde du travail en s'attaquant à ceux qui ont le moins de poids pour se défendre : les retraités, afin de remplir une nouvelle fois les caisses du patronat avec l'argent ainsi détourné des caisses de retraites. Ces caisses aujourd'hui se portent bien et sont même bénéficiaires. Seulement, comment imposer cet appauvrissement supplémentaire d'une partie des travailleurs tant que le verrou des retraites du public n'a pas sauté et que ceux-ci, grâce au mouvement de décembre 1995, ont imposé le maintien de leur retraite après 37, 5 années de cotisations ? Quant à l'épargne retraite, le patronat ne s'embarrasse pas de circonvolutions et annonce clairement que le but essentiel de l'opération est de transférer vers les fonds propres des entreprises l'argent que les salariés mettraient ainsi de côté.
Alors il est vraiment temps de bousculer ce dispositif qui met en danger la classe ouvrière.
Après avoir eu une attitude très attentiste à la suite des déclarations de Raffarin, les dirigeants de la CGT et ceux de FO parlent de donner une suite aux manifestations du 1er février. Ce serait bien en effet la moindre des choses. Mais ce qui serait nécessaire serait non seulement une suite ponctuelle, mais la mise sur pied d'un véritable plan de mobilisation, clairement défendu devant l'ensemble du monde du travail, un plan de nature à redonner progressivement confiance aux travailleurs dans leur force pour leur permettre de mettre en échec les projets du gouvernement.
Tous les matamores du patronat, du gouvernement, et les journalistes à leur service craignent les réactions de la classe ouvrière. Ils savent que celle-ci peut, même si ses dirigeants syndicaux sont attentistes, réussir à imposer sa volonté à travers ses luttes.
Il faut faire que cette crainte devienne réalité. L'heure n'est pas aux palabres démobilisatrices, mais à la construction de la riposte nécessaire.