Cela fait maintenant un an et demi que le groupe Moulinex a déposé son bilan. Les marques que possédait le groupe (Moulinex, Krups, Brandt) ont été reprises par SEB. Plus de 5000 salariés ont été licenciés (dont 3744 en France) et de nombreuses usines fermées.

L'opération a bien profité à SEB, qui vient de publier son bilan pour 2002. Le chiffre d'affaires est en hausse de 34,5%: 2,5 milliards d'euros, dont 587 millions viennent du secteur ex-Moulinex. Le profit net, lui, augmente de 60%, à 118 millions d'euros.

Bien sûr, il serait indécent que SEB affiche, dès la première année, des bénéfices sur la partie de Moulinex qu'il a acquise. Il y déclare une perte de 2,2%, près de 13 millions. Mais les économies d'achats réalisées grâce à la réunion des deux groupes représentent à elles seules 15 millions, c'est-à-dire plus que cette "perte". Et la direction annonce pour 2005 un solde positif de 8%. Les actionnaires ont de quoi être contents.

Du côté des travailleurs, en revanche, le bilan est à peu près négatif. Au bout d'un an, en septembre 2002, à peine 7% des licenciés avaient retrouvé un travail en contrat à durée indéterminée. A Cormelles-le-Royal (Calvados) par exemple, sur 1272 licenciés: 87 ont retrouvé un CDI, dont 64 cadres et 11 femmes seulement!

Aujourd'hui, pour cette même usine, la commission de suivi de l'antenne emploi déclare que 689 personnes (54%) n'ont toujours pas retrouvé d'emploi. Mais elle ne précise pas combien, parmi les autres, ont un emploi en CDI, combien ils ont perdu de salaire, combien sont en CDD ou en intérim, et combien, en dix-huit mois, n'ont eu que quelques jours de mission. Les femmes représentaient la moitié du personnel: elles sont les deux tiers des 689 qui n'ont rien trouvé.

La liquidation de Moulinex se traduit donc par des profits en plus pour les actionnaires du repreneur SEB, et par des milliers de chômeurs en plus pour la classe ouvrière. Ce que la presse et les autorités traduisent par: "SEB réussit l'intégration de Moulinex"!