Licenciements collectifs, menaces de guerre : Deux aspects du capitalisme13/03/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/03/une1806.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Licenciements collectifs, menaces de guerre : Deux aspects du capitalisme

Les deux têtes de l'équipe gouvernementale, Chirac et Raffarin, se sont partagé les tâches.

Le premier pose au champion de l'opposition à la guerre en Irak. Cela ne l'engage à rien, car il est bien évident que Bush se passera de son autorisation, et de celle de quiconque, s'il décide comme tout le laisse prévoir d'attaquer l'Irak. Cette opposition est d'autant plus hypocrite que Chirac est d'accord sur le fond avec Bush: il n'a jamais protesté contre les bombardements américains qui se poursuivent depuis douze ans sur ce pays, ni contre l'embargo imposé par l'ONU, dont souffre évidemment bien plus la population pauvre que les riches ou que l'entourage du dictateur Saddam Hussein, et il se dit d'accord avec Bush sur le fait qu'il faudrait, d'après eux, désarmer l'Irak. Le président français ne diffère de celui des USA que sur la meilleure manière de mettre l'Irak au pas.

Chirac, le champion de la reprise des essais nucléaires à Mururoa, au moment de son arrivée au pouvoir en 1995, a décidément aussi bonne mine que Bush, le chef de la plus grande puissance militaire du monde, en adversaire des "armes de destruction massive". Mais cette opposition toute formelle à la guerre qui se prépare peut valoir à Chirac une certaine popularité, par rapport à une opinion publique très majoritairement opposée à toute participation de la France à une guerre contre l'Irak.

De son côté Raffarin s'emploie, plus discrètement, à diriger l'offensive contre le niveau de vie du monde du travail que le Medef appelle de ses voeux, ou à y présider. Alors que la liquidation de Metaleurop vient d'être décidée, on attend encore la moindre action du gouvernement contre ceux que Chirac (assurément champion des bonnes paroles qui ne coûtent pas cher) qualifiait il n'y a pas si longtemps de "patrons voyous". Les annonces de plans de licenciements se poursuivent sans discontinuer, la dernière menace en date étant celle d'une "restructuration" du groupe Thales (ex-Thomson-CSF) qui pourrait entraîner la suppression de 10000 emplois. Et alors que tout laisse prévoir une forte hausse du chômage dans les mois qui viennent, le gouvernement continue à préparer sa "réforme des retraites", qui consistera à faire cotiser les salariés (du privé comme du public) plus, et plus longtemps, pour une retraite de plus en plus maigre.

Les menaces de guerre en Irak et la situation faite aux travailleurs dans ce pays ne sont pas des problèmes sans rapport. Ce sont deux conséquences de la logique du système capitaliste, dans lequel les politiciens qui présentent ce système économique comme le meilleur possible s'emploient à dissimuler sous de grands discours, au nom du "droit" ou de la "lutte contre le mal", le fait qu'ils sont au service des privilégiés de ce monde.

C'est pourquoi critiquer la politique antiouvrière de Raffarin, et se féliciter de la politique étrangère de Chirac, comme le font le PS et le PCF, est un non-sens. Chirac et Bush sont au même titre les serviteurs d'une logique où ce sont les intérêts d'une toute petite minorité de privilégiés qui priment sur ceux de la grande masse de la population, et sur ceux des peuples des pays pauvres.

Le pétrole du Moyen-Orient et les bénéfices que les trusts américains peuvent tirer de la guerre ont bien plus d'importance aux yeux de Bush que les milliers de victimes civiles, mortes ou handicapées à vie, que sa croisade contre l'Irak ne manquera pas de provoquer. Tout comme les Chirac, les Raffarin, et le grand patronat dont ils défendent les intérêts, se moquent de jeter des milliers de travailleurs à la rue, de les réduire à la misère, de ruiner des régions entières, si cela peut accroître encore plus les profits capitalistes.

Face à ce cynisme des possédants et des politiciens à leur service, il est nécessaire que le monde du travail fasse entendre sa voix. C'est pourquoi Lutte Ouvrière s'associera à toutes les manifestations qui seraient organisées dans les jours qui viennent contre la guerre impérialiste qui se prépare, et contre les menaces que le gouvernement et le Medef font planer sur les conditions de vie de la population laborieuse. Et elle appelle les travailleurs à y participer massivement.

Partager