On se souvient que pendant la campagne présidentielle, Chirac, toujours en avance d'une promesse, s'était engagé à réduire de 30% l'impôt sur le revenu. Le chiffre était tellement gros qu'il avait alors surpris même ses propres partisans. Mais que diable, rien n'était alors trop beau pour attirer l'électeur, surtout l'électeur aisé.

Car la baisse de l'impôt sur le revenu, cela intéresse avant tout ceux qui ont de l'argent. La moitié de la population ne gagne pas suffisamment pour être imposable sur le revenu... ce qui ne l'empêche pas de devoir payer toutes les formes d'impôts indirects, moins visibles mais bien plus injustes.

Toujours est-il que le temps de l'élection est passé, et avec lui celui des promesses. La croissance est absente, le chômage monte, les dépenses de l'État augmentent alors que les recettes stagnent, et le déficit s'accroît. Bref, la semaine passée, Chirac a été bien obligé de laisser entendre ce que tout le monde savait déjà, à savoir que pour la baisse de l'impôt sur le revenu, ce serait sans doute pour plus tard.

Pour les bourgeois, gros, moyens et même petits, cette mauvaise nouvelle n'en est pas vraiment une, car même en ces temps de morosité, le gouvernement de droite se multiplie en leur faveur, et continue de leur faire par ailleurs tous les cadeaux possibles, payés sur le niveau de vie des travailleurs.

Et bien entendu, Chirac n'a pas manqué d'en profiter pour ressasser une fois de plus sa litanie sur l'État qui coûterait trop cher, sur les nécessaires économies à réaliser sur les services publics, et sur la poursuite de la baisse des charges des entreprises.

Alors, demain, pour reprendre l'expression consacrée, on ne rasera peut-être pas gratis. Mais ce sont bien toujours les mêmes que Chirac a l'intention de tondre.