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Leur société
L'extrême gauche accusée d'antisémitisme : Une campagne calomnieuse
L'idée que l'extrême gauche, et même la gauche, seraient aujourd'hui porteuses d'un nouvel antisémitisme, ne cesse d'être colportée par tous ceux qui ne supportent pas la moindre critique formulée à l'égard du gouvernement israélien et la confondent volontiers avec une manifestation antijuive. Ainsi, il y a quelque temps, Roger Cukierman, président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) s'en était violemment pris à l'extrême gauche l'accusant de collusion avec l'extrême droite. Son alliance "rouge-vert-brun" avait alors fait scandale et en avait révulsé plus d'un.
L'insulte et la diffamation sont un procédé très courant chez les supporters de la politique israélienne. Nombreux sont ceux qui, osant critiquer le gouvernement israélien, en ont été les victimes et ont été accusés d'antisémitisme. Ainsi, le MRAP a été accusé d'héberger des antisémites dans ses rangs, lors de plusieurs manifestations. Daniel Mermet, journaliste à France Inter, a lui aussi été mis à l'index pour avoir donné la parole à des auditeurs "pro-palestiniens". Le maire de Seclin, dans le Nord, a subi un sort identique pour avoir appelé au boycott des produits israéliens, etc.
Un incident qui a eu lieu en marge de la manifestation contre la guerre en Irak, le samedi 22 mars à Paris, où des membres du mouvement sioniste Hachomer Hatzaïr ont été agressés par des manifestants sortis du cortège, a relancé la polémique. Et même si tous les faits ne sont pas encore connus, (certains faisant même état d'une provocation de la part du Betar, un mouvement sioniste d'extrême droite) cela n'a pas empêché les sionistes de considérer qu'il y avait là un "déchaînement antisémite", cherchant par là à jeter l'opprobre sur toute la manifestation.
La CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient) a été accusée d'être mêlée à ces incidents, ce qui est absurde, calomniateur et injurieux. Cette association comprend un grand nombre de Juifs, dont certains ont été victimes ou sont les enfants de victimes du nazisme. Les traiter d'antisémites est proprement aberrant, à moins de penser que l'hostilité que la CAPJPO affiche à l'encontre de la politique de Sharon suffit à la considérer comme antisémite.
Il est vrai que dans les manifestations contre l'agression anglo-américaine en Irak, des manifestants associent la guerre en Irak et le conflit israélo-palestinien, et il est vrai que les deux sont très liés. Des militants pro-israéliens ne le supportent pas sans doute, mais ils ne peuvent empêcher d'autres de dire ce qu'ils pensent des agissements du gouvernement israélien, de la discrimination anti-arabe qu'il pratique, et du lien existant entre la politique de Sharon et celle de Bush. Ce n'est pas là faire preuve d'antisémitisme, pas plus que lors de la guerre d'Algérie, dénoncer les agissements des colonialistes français ne signifiait pas accuser tous les Français d'être colonialistes. Aujourd'hui, dénoncer la politique criminelle de Bush ne signifie pas non plus en accuser tous les Américains. C'est la même chose en ce qui concerne Israël: nous ne tirons pas un trait d'égalité entre Sharon et les Israéliens dont beaucoup, dans le pays même, s'opposent courageusement à lui, allant parfois jusqu'à refuser de servir dans l'armée qui occupe les Territoires palestiniens. En Israël comme ailleurs, il faut choisir son camp. Le nôtre n'est pas celui de Sharon.
Lutte Ouvrière a toujours condamné et lutté contre le racisme et l'antisémitisme et contre toute attitude discriminatoire, d'où qu'elles viennent. Lutte Ouvrière n'a jamais confondu le peuple israélien avec l'inadmissible politique de violence anti-arabe dont se sont souvent rendus coupables les gouvernements de l'État d'Israël. Nous condamnons de la même façon les attentats aveugles commis à l'égard de la population israélienne, sans confondre cette politique d'attentats avec la revendication, pleinement justifiée, du peuple palestinien à disposer du libre exercice de ses droits nationaux.
On ne peut pas en dire autant des défenseurs du gouvernement israélien. Rappelons à ce propos que le président du CRIF, Cukierman, s'était pour sa part réjoui, dans le quotidien israélien Haaretz du 23 avril 2002, du succès de Le Pen au premier tour de la présidentielle, en y voyant selon ses termes un motif d'espérer que les musulmans de France se tiendraient tranquilles.
Être Juif et raciste, cela peut sembler paradoxal mais on en a tous les jours la manifestation dans la politique du gouvernement israélien et d'un certain nombre de ses soutiens vis-à-vis des Arabes. Les Juifs ne sont pas plus que les autres peuples une entité homogène. Parmi eux, et en particulier parmi les Israéliens, il y a des riches et des pauvres, des exploiteurs et des exploités... et aussi des anti-racistes et des racistes.