Comme la séance plénière d'avril du Parlement européen se tenait au moment même où les troupes impérialistes entraient dans Bagdad, on pouvait s'attendre à ce que cette assemblée, si prompte à dénoncer les "atteintes aux droits de l'homme", se manifeste un tant soit peu. Ce fut effectivement le cas. Mais avec l'hypocrisie, le cynisme et l'insensibilité qui caractérisent la grande majorité d'une assemblée soucieuse de ne pas aborder le sujet.

Sous prétexte qu'il n'y avait "rien de mieux que l'aide humanitaire" pour "ressouder" une Union européenne bien divisée, le groupe des Verts a proposé de mettre à l'ordre du jour une déclaration "humanitaire" et non contre la guerre. Une hypocrisie dénoncée à juste titre par le président du groupe GUE, Francis Wurtz. Soumise au vote, la proposition a été repoussée... avec l'aide malheureusement de ceux qui, favorables à la guerre, préfèrent, eux, ne pas aborder le sujet, même sous cette forme édulcorée.

Un député français de droite, pour bien marquer son soutien à la guerre, a dénoncé les profanations de tombes anglaises dans un cimetière français. Une entorse à "l'entente cordiale"... So shocking!

Enfin, comme le président réclamait un peu de sérénité dans les débats, notre camarade Arlette Laguiller, choquée, elle, par tant d'hyprocrisie accumulée, prenait la parole: "Monsieur Cox, vous appelez à la sérénité, mais les bombes ne créent pas un sentiment de sérénité. Je condamne la profanation du cimetière anglais. Mais face à la guerre aujourd'hui, mon sentiment d'horreur ne vient pas de là. Il vient des milliers de morts irakiens, des bombardements intensifs qui sèment la terreur sur Bagdad ou Bassora, tuent des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards. Il vient du manque d'eau qui peut entraîner des épidémies. Je constate que, dans cette Assemblée, certains ont l'indignation sélective. En ce qui me concerne, je condamne cette guerre des trusts, pétroliers ou autres, liés aux gouvernements anglais et américain, qui terrorisent tout un peuple et se partagent déjà les profits de la reconstruction."

Un cri de colère qui a soulevé la hargne d'un député pro-guerre qui n'a pas hésité à accuser notre camarade d'être un supporter de Sadam Hussein.