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Leur société
Angers (Maine-et-Loire) : - La justice au secours du MEDEF
Mardi 10 juin, nous étions plus de 4000 dans les rues d'Angers pour lutter contre la réforme des retraites. Le ton était très combatif et la manif s'est prolongée par plusieurs défilés dans différents quartiers de la ville. Une partie des manifestants, plusieurs centaines, s'est ainsi retrouvée devant le siège local du Medef.
Alors que les mois précédents (fermeture de l'usine d'ACT oblige) la ville abritait des effectifs pléthoriques de CRS, depuis que le mouvement contre la réforme des retraites avait démarré, ceux-ci avaient été envoyés ailleurs. C'est donc sans la moindre opposition que le siège du Medef a été investi. Quelques dossiers ont volé, quelques graffitis ont été écrits sur les murs et, depuis, la police recherche quelques casques de chantier dérobés. Les quelques responsables du Medef présents ont eu une belle trouille de se retrouver face à des travailleurs qu'ils exploitent et méprisent à longueur d'année. Organiser les vagues de licenciements qui touchent l'agglomération à partir de leur bureau est une chose, retrouver les travailleurs qui en sont victimes en est une autre!
La réaction de ces représentants patronaux a été à la mesure de cette peur. Avec l'aide de la justice locale, toute la police a été mobilisée pour arrêter quelques militants les jours suivants. C'est la brigade anticriminelle elle-même qui a été chargée de procéder aux arrestations et aux perquisitions pour retrouver ces si importants casques de chantier.
Quatre militants ont donc été arrêtés, l'un gardé 48 heures dans les locaux du commissariat, puis trois autres le lundi matin 16 juin, relâchés en fin d'après-midi. Dès la première arrestation mardi 10 juin, une première manifestation a eu lieu dans la foulée devant le commissariat, une autre le lendemain et le délégué arrêté a été libéré avant que l'ensemble de la manifestation du jeudi suivant ne rejoigne le commissariat. Même scénario le 16 juin: dès que l'opération policière a été connue, une manifestation a été organisée pour l'après-midi et les militants arrêtés libérés quelques instants avant que la manifestation n'atteigne leur lieu de détention.
Comme souvent dans ces cas-là, les arrestations se sont faites de manière totalement arbitraire. Par exemple, une des militantes arrêtées n'était pas à la manifestation au Medef. Mais cet arbitraire n'est pas le fruit du hasard. L'un des militants arrêtés est un responsable de la FSU, dirigeant de la grève des enseignants, par ailleurs conseiller municipal Lutte Ouvrière à Trélazé. Les autres sont des militants syndicaux d'entreprises de la métallurgie, deux de l'entreprise PCM et la secrétaire du CE et du syndicat CGT de Thomson.
Notons que la provenance professionnelle des militants arrêtés est un sacré démenti à la presse locale qui titrait le lendemain de la manif: "4000 fonctionnaires dans les rues".
Ces arrestations sont le fruit de la rancoeur de quelques dirigeants d'entreprises de la localité influents au Medef ou au Gimar (groupement patronal de la métallurgie locale), qui en ont profité pour essayer de régler des comptes personnels avec des militants ouvriers qui refusent de se plier à leurs exigences et qui organisent depuis des années la résistance des travailleurs dans leur entreprise.
En fait, les incidents au local du Medef ne sont qu'un prétexte pour eux pour essayer d'intimider les militants de leur propre entreprise, dans un contexte où, après les fermetures d'ACT, de TRW et autres petites entreprises qui ont jeté plus d'un millier de travailleurs à la rue, c'est d'autres entreprises, dont Thomson, qui risquent de subir le même sort.
Autour d'ACT s'était créé un mouvement qui a touché une grande partie de la métallurgie angevine, comme aujourd'hui le mouvement des enseignants a su se trouver des appuis parmi les autres salariés.
Alors, aujourd'hui, on essaie d'intimider les dirigeants syndicaux. Au vu des réactions des travailleurs autour d'eux, ce n'est pas encore gagné pour les patrons, bien au contraire.