Chirac, de passage à Tahiti, a également été accueilli par plusieurs centaines de manifestants exigeant la vérité sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires français à Mururoa.

Peu après son élection à la présidence en 1995, Chirac avait provoqué un véritable tollé en décidant la reprise des essais nucléaires en Polynésie. Aujourd'hui, les essais sont arrêtés, mais des dizaines de milliers de salariés ayant travaillé sur le site restent dans l'ignorance des dégâts réels causés par ces expériences sur leur organisme.

Combien de travailleurs cela concerne-t-il? On ne le sait même pas, tant est épaisse l'opacité que l'État français fait planer sur ces essais. Les chiffres oscillent entre 80000 et 150000 salariés venus d'Europe, auxquels il faut ajouter les 4 700 Polynésiens qui ont pris part aux essais.

Les dégâts causés sur les travailleurs du nucléaire semblent considérables. Selon le président de l'Association des vétérans des essais nucléaires, également directeur de recherche à l'Inserm, 80% des 600 adhérents à l'association sont malades; et 30% d'entre eux souffrent de cancers. Le mutisme de l'État français et son refus catégorique de diligenter des enquêtes sanitaires sérieuses sur ce sujet ont même conduit l'association Médecins du monde à qualifier l'attitude de la France de "honteuse".

Chirac, lui, dit aujourd'hui "merci" à la Polynésie pour avoir "accueilli" les essais nucléaires (comme si elle avait eu le choix!) et permis de "rendre la France plus forte". Mais sur les conséquences sanitaires, Chirac, qui n'a décidément rien perdu du talent qui a permis à certains de l'affubler du qualificatif de "supermenteur", a crânement affirmé dans la presse que les essais n'ont et n'auront "aucune conséquence, ni à court ni à long terme". On se demande vraiment pourquoi les essais ont eu lieu dans les restes de l'empire colonial français, à l'autre bout du monde... plutôt qu'à l'Élysée ou sur les plages du fort de Brégançon, où Chirac passe ses vacances?