Espagne : Sept morts pour les profits de Repsol18/09/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/09/une1833.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : Sept morts pour les profits de Repsol

Le 14 août, dans une raffinerie de Puertollano (à 200 km au sud de Madrid) sept réservoirs d'essence et de fuel explosaient et brûlaient, tuant sept ouvriers et en blessant trois. La catastrophe aurait pû être infiniment plus grave encore car la raffinerie stocke du gaz butane en bonbonne. L'explosion et l'incendie ont créé une énorme émotion dans toute la ville, tout le monde voyant qu'il y avait là une bombe en puissance qui pouvait tout raser dans un vaste rayon.

Cette raffinerie appartient à Repsol. Repsol est la grande multinationale du pétrole en Espagne avec des millions de bénéfices annoncés tous les ans, des intérêts dans le monde entier et qui a récemment reçu sa petite part dans le partage du pétrole irakien. La raffinerie de Puertollano, qui compte 950 ouvriers en fixe, emploie aussi près de 1500 travailleurs en emplois précaires, salariés d'entreprises sous-traitantes. Et il y a aussi 1500 travailleurs "auxiliaires", pour le transport, le montage, la construction...

Les sept morts appartenaient à des entreprises sous-traitantes. Un travailleur de ces entreprises expliquait ses conditions de travail: "On y va avec la peur parce qu'on travaille au milieu de vieux tubes, certains pourris avec des fuites. De temps à autre, il y a une étincelle, le feu prend. Les pompiers arrivent à l'éteindre et le lendemain ils disent qu'on ne peut pas travailler ainsi, mais après ça continue. Tout cela est un désastre, tout est vieux".

La mort des sept ouvriers a provoqué une réaction de colère et pendant trois jours la grève et les manifestations auxquelles se sont joints les habitants de la ville ont débouché sur la création d'une plate-forme formée de deux représentants de chaque entreprise sous-traitante et exigeant des mesures permettant de travailler dans des conditions minimum de sécurité. Dans un meeting convoqué par les syndicats UGT et Commissions Ouvrières, les dirigeants nationaux ont été hués, chahutés et expulsés. Le dirigeant d'UGT a mis en rage tous les participants en disant que les systèmes de sécurité avaient fonctionné correctement.

Chaque année en Espagne, il y a plus de mille morts par accident du travail. Beaucoup de ces morts sont des travailleurs en situation précaire et, si l'on ajoute le pourcentage de chômeurs, cela veut dire qu'un tiers des travailleurs sont contraints d'accepter des travaux risqués, mal payés. Tous les discours du gouvernement et des patrons sur la sécurité au travail, toutes les lois (qui ne sont d'ailleurs pas appliquées) ne sont que du vent.

Et dans le cas de Repsol, comme dans bien d'autres grandes entreprises, la vie des travailleurs est mise en péril uniquement pour accroître les bénéfices des actionnaires.

La colère et l'action des travailleurs des entreprises sous-traitantes de Repsol, qui ont été appuyés par toute la région de Puertollano, montrent que la classe ouvrière peut réagir pour freiner ce véritable terrorisme patronal.

Partager