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Leur société
Un traitement de cheval... pour réduire les frais de santé
Les frais médicaux et de santé ne cessent d'augmenter, creusent les déficits de la Sécurité sociale et inquiètent les ministres de la Santé, de l'Économie et de l'Industrie. Le rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et de l'Inspection des finances, réalisé à leur demande conjointe, confirme leurs craintes et suggère les remèdes dont ils rêvaient.
Tout au long d'une période de cinq ans, entre 1997 et 2002, le montant des indemnités journalières versées aux assurés en arrêt de travail aurait augmenté de 46%. L'augmentation serait due, d'après ce rapport, pour l'essentiel à un «emballement du nombre d'indemnités journalières chez les plus de 55 ans». Dans le même temps, ce rapport souligne une baisse du montant des indemnités journalières versées pour des arrêts maladie de courte durée. Les travailleurs les plus âgés seraient donc plus enclins à tomber malades et pour des périodes plus longues que les travailleurs plus jeunes et sans doute en meilleure santé: quelle découverte!
Effet différé du baby-boom d'après-guerre, le nombre relatif de travailleurs âgés, en augmentation de 13% ces dernières années, devrait continuer de croître jusqu'aux environs de 2008. Les auteurs du rapport ne manquent pas de fournir des explications et de suggérer quelques remèdes. Selon eux «le secteur des indemnités journalières (...) devra générer des économies», par exemple par «une remise en ordre des droits et du montant des indemnités journalières» .
Une pression accrue serait aussi exercée sur les malades, par exemple par des visites de contrôle plus fréquentes et surtout moins tardives. Dans tous les cas, la durée d'indemnisation des patients en arrêt de longue durée devrait être revue à la baisse. Pour conclure, le rapport tente de culpabiliser les travailleurs en arrêt maladie et de les opposer aux salariés valides en activité: «Les assurés doivent comprendre que les collègues de travail sont les premières victimes de la désorganisation résultant des arrêts maladie».
Cette morale a la ficelle un peu grosse. Depuis des années le patronat, les pouvoirs publics, les gouvernements successifs ne font qu'augmenter la pression sur les travailleurs, diversifiant les horaires de travail et leur durée en fonction des besoins quotidiens de la production et augmentant sans cesse les cadences de travail. Il n'est pas besoin d'être spécialiste en médecine du travail pour comprendre que les maladies ne peuvent que frapper de plus en plus fréquemment des travailleurs comptant des dizaines d'années d'exploitation à leur actif. Reste à savoir qui doit faire les frais de cette politique.
Pour les rapporteurs, inspecteurs aux Finances et aux Affaires sociales, ce ne sont certainement pas les patrons et les actionnaires des entreprises, mais les travailleurs eux-mêmes, qui n'ont qu'à accepter encore de voir leurs conditions de vie se dégrader. Un rapport bien fait pour plaire au Medef et au gouvernement à son service.