Pour la première fois depuis plus de quinze ans des coupures importantes de courant ont été réalisées par des travailleurs d'EDF sur le réseau SNCF et RER de la banlieue parisienne. Ce n'est pas la fédération CGT qui a décidé ces coupures, mais des syndicalistes CGT du RTE (Réseau de Transport d'Electricité, la branche transport haute tension qui est en passe d'être séparée du reste de l'EDF). Il faut savoir qu'il est difficile de faire de telles coupures: les postes où elles ont lieu sont surveillés par des caméras, et les militants ont intérêt à être masqués. Le principe en avait été décidé par une assemblée de la CGT du RTE, et ensuite ce sont des petits groupes de travailleurs qui l'ont réalisé.

Parmi le personnel, ces actions, abondamment commentées par les médias, ont été plutôt bien accueillies. Les salariés sont plutôt contents de ces actions spectaculaires qui montrent qu'il y a des gens déterminés parmi les agents d'EDF. Elles montrent aussi la force que pourrait avoir le personnel si l'arme de la grève était utilisée à une grande échelle. Mais ces actions sont pour le moment très limitées.

La fédération CGT a accepté de couvrir cette initiative. Mais en même temps Imbrecht, le secrétaire fédéral, a écarté toute idée de grève générale et a déclaré qu'il ne voulait pas «plonger la France dans le noir».

La fédération laisse faire, mais ne fait rien pour développer ces actions ou pour les élargir, bien au contraire. Et c'est précisément parce que la Fédération ne fait rien d'autre qu'organiser des journées d'action de loin en loin (la prochaine est prévue pour le 15 juin), qu'un certain nombre de militants de base, exaspérés par cet attentisme, ont décidé de faire ces coupures eux-mêmes.

La fédération souhaite que ces actions n'aillent pas trop loin. Sarkozy et le PDG d'EDF Roussely espèrent, les médias aidant, dresser les usagers des transports contre les agents d'EDF. Mais après tout les choses pourraient aussi se passer autrement. Ces coupures, qui ont incontestablement renforcé, un peu, le moral des travailleurs, pourraient être un point de départ.

Au même moment, les agents EDF qui venaient d'apprendre la venue de Sarkozy à la tour EDF de la Défense sont venus l'accueillir à 200 environ. Là aussi ce fut un succès. Certaines barrières de police n'ont pas résisté. Et c'est protégé par de nombreux CRS que Sarkozy a réussi à pénétrer dans la tour, par derrière, en catimini. Rien de triomphal dans son entrée, puisqu'il a été accueilli aux cris de «Sarkozy, ta loi pourrie on n'en veut pas! Et hop, et hop, à la poubelle!» ou encore «Non à la privatisation d'EDF! Ça va couper!»

Il est à souhaiter que ces petits mouvements modifient petit à petit le moral des travailleurs, qu'il y en ait d'autres dans le pays, finissant par prendre de l'ampleur et que progressivement la combativité des travailleurs d'EDF et GDF contre les projets du gouvernement se renforce.

Les agents d'EDF et GDF ont la force de faire reculer Sarkozy-Raffarin.