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- Lutte ouvrière n°1877
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Dans les entreprises
Peugeot Sochaux - Intérim : PSA condamné
À l'usine Peugeot de Sochaux (Doubs), il y a 9800 ouvriers (dont 500 en CDD) et près de mille ouvriers intérimaires.
Près de 2000 voitures, 307 et 607, y sont produites chaque jour, toute la semaine, week-end compris, nuit et jour par différentes équipes.
Sur le site de Sochaux, le nombre d'ouvriers de fabrication embauchés est en chute libre, du fait des départs en pré-retraite et retraites non remplacés, environ mille par an.
Entre 1997 et 2003, 2400 emplois d'ouvriers de fabrication ont été supprimés, la production annuelle, elle, est passée quasiment du simple au double (environ 220000 voitures produites en 1997, plus de 430000 en 2003). Entre 2001 et 2003, il y a eu plus de deux mille intérimaires en permanence dans les ateliers.
Dans les ateliers de fabrication, jusqu'à fin 2003, les intérimaires ont eu des contrats à la semaine, au mois, ont été renvoyés, remplacés par d'autres aux mêmes postes. Les réflexions des ouvriers reflètent le sentiment d'écoeurement face à ces licenciements.
Pour les intérimaires eux-mêmes, le poids de Peugeot dans la région, qui draine la plupart des emplois et qui a la mainmise sur tous les sous-traitants et équipementiers aux alentours de l'usine, fait que, tout en n'étant pas dupes, ils restent prudents de peur de ne plus avoir de travail du tout, "d'être grillés".
Des intérimaires décident quand même de porter plainte aux Prud'hommes. Ils font appel à la CGT de l'usine qui les aide à monter leurs dossiers et les soutient devant le tribunal des prud'hommes. C'est aussi ce qui se passe dans les autres usines du groupe, Citroën Aulnay, Peugeot Poissy, Tremery, Metz Borny, etc.
Le 11 mai 2004, six dossiers ont été plaidés au tribunal des prud'hommes de Versailles. Le 6 juillet, PSA était condamné pour ne pas les avoir embauchés en CDI (contrat à durée indéterminée) dès le départ.
Pour ces six intérimaires, c'est une victoire morale importante. Les ouvriers dans les ateliers trouvent cette condamnation normale, que "c'est une bonne chose". À l'heure où nous écrivons, nous ne savons pas si Peugeot fera appel.
Ce 6 juillet 2004, le tribunal a jugé que Peugeot détournait le peu que la loi prévoit pour limiter le recours trop abusif à l'intérim. Le tribunal a en effet constaté que les postes de travail permanents de l'entreprise étaient occupés par des ouvriers dont le contrat de travail, lui, était temporaire, au lieu d'être à durée indéterminée. Il a donc ordonné la requalification en CDI de tous les contrats de travail temporaires, et comme ces intérimaires ne sont plus à l'usine, Peugeot a été condamné à leur verser des indemnités pour licenciement abusif.
Ce succès, limité, constitue un encouragement pour les travailleurs à ne pas accepter la situation que Peugeot veut leur imposer. Et cela a été pris comme tel par tous les ouvriers de l'usine.