Baisse des prix et hausse du bluff02/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1883.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse des prix et hausse du bluff

Difficile de ne pas être au courant de l'annonce d'une baisse des prix de 2500 produits de grande consommation! Quant à vérifier concrètement que faire ses courses reviendrait moins cher depuis le 1er septembre, c'est une tout autre affaire.

Depuis le 17 juin et l'accord conclu entre le gouvernement et les industriels de l'alimentaire et de la grande distribution, une baisse moyenne des prix de 2% a été programmée pour ce début septembre. Le ministre de l'Économie, Sarkozy, aurait souhaité que la baisse soit de 5%, mais il a dû plier (comme toujours) devant le refus des capitalistes de la grande consommation, les Danone, Unilever mais aussi les Carrefour, Leclerc et autres grandes enseignes de super et hypermarchés.

Pour tous ceux-là, l'opération du gouvernement devait d'abord et avant tout leur être utile. Une baisse des prix de 5% était trop élevée (et même une baisse de 2% d'ailleurs, puisque 30% environ des fabricants n'appliqueraient aucune baisse). Ensuite, au lieu d'une baisse générale, insensible aux consommateurs, il fallait qu'elle soit concentrée sur certains produits, ceux en perte de vitesse de préférence, qui pourraient ainsi être relancés sur le marché. Les fabricants et les distributeurs ont ainsi obtenu du gouvernement que les baisses ne concernent qu'un quart des produits des grandes surfaces (et à l'exclusion de certains produits de première nécessité, comme par exemple la charcuterie). Enfin, la concurrence entre fabricants et grandes surfaces, comme celle entre grandes surfaces, trouve dans la valse des étiquettes un terrain d'exercice dont il n'est pas sûr du tout que le consommateur sorte gagnant. Sans parler des producteurs de fruits et légumes, qui continuent à manifester pour dénoncer le fait que les prix qui leur sont payés ne couvrent pas leurs coûts de production, alors qu'ils restent élevés pour le consommateur.

Au final, l'addition à payer lors du passage aux caisses des grands magasins risque bien d'être à peine moins lourde qu'auparavant (si elle l'est). Ne serait-ce que parce qu'avant cette baisse largement annoncée, et selon les indices officiels qui sont souvent trafiqués pour minorer la réalité des hausses du coût de la vie, les prix avaient augmenté en un an de 2,3%. Ce qui permet à Sarkozy d'avoir le culot de déclarer qu'avec la baisse "c'est un an d'inflation rendu aux Français"!

Pour la population laborieuse, c'est-à-dire pour l'immense majorité des familles clientes des grandes surfaces, remplir un caddie de tout ce qui est indispensable à la vie quotidienne a toutes les chances de rester aussi difficile. Et ce n'est pas ce coup de bluff annoncé à grand tapage qui y changera quelque chose ou relancera la consommation, comme le prétend le gouvernement. Relancer vraiment la consommation, c'est beaucoup plus simple. Ainsi qu'un client d'un grand magasin le déclarait à un journaliste: "Tout augmente, sauf les salaires. Si on avait plus d'argent, on pourrait plus acheter".

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