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- Lutte ouvrière n°1888
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Leur société
Guadeloupe - grève de la banane : Solidarité des dockers face aux gendarmes!
La grève des ouvriers de la banane a connu un pic de combativité et de solidarité les 2 et 3 octobre.
Samedi 2 octobre, les grévistes syndiqués à la CGTG étaient venus en nombre sur le port de Jarry, puisque c'est le samedi que les conteneurs de bananes sont embarqués. Les portes d'entrée étant surveillées par les gendarmes, les grévistes stationnaient devant. Un travailleur du port fut empêché d'entrer par les gendarmes qui lui confisquèrent son badge, ce qui entraîna une trèsforte protestation de ce travailleur. Alertés, les travailleurs du port sont alors venus de l'intérieur et, furieux, ont alors décidé d'ouvrir les portes afin de faire entrer non seulement leur collègue mais tous les travailleurs de la banane. Ces derniers ayant pu convaincre les dockers hésitants de ne pas embarquer la banane, les conteneurs restèrent à quai. Il faut à ce moment souligner la solidarité active du syndicat nationaliste UGTG; il demanda à ses syndiqués de ne pas embarquer la banane, venant consolider la position des dockers CGTG.
Peu après, les gendarmes d'intervention arrivèrent en nombre, bottés et casqués, pour déloger les travailleurs de la banane du port.
Il n'empêche que ce jour-là, la banane ne fut pas embarquée et le moral de tous les travailleurs ayant mené l'action était au beau fixe. Mais le lendemain, dimanche 3 octobre, une partie des dockers acceptèrent d'embarquer la banane. Les forces de gendarmerie avaient cette fois renforcé leur nombre et leurs positions. Quant aux dirigeants du port, ils avaient redoublé d'ardeur pour persuader les hésitants. Le conteneur partit donc vers l'Europe.
Mais ce revers n'entama pas la détermination des grévistes qui, de retour dans leur local, décidèrent à l'unanimité la poursuite de la grève. Et ce ne sont pas les accusations des patrons qui entament leur moral.
En effet, depuis le lundi 4, les patrons pleurnichent à nouveau dans les médias sur les sabotages qui auraient été perpétrés dans leurs plantations. Dans le quotidien France-Antilles qui leur est tout dévoué, ils déclaraient: "Ceux qui ont fait ça ne sont pas des ouvriers de la banane. Aucun d'eux ne pourrait détruire ce qu'il a élevé pendant huit mois. Ceux qui ont fait cela sont des terroristes..."
À l'heure où nous écrivons, un certain nombre de travailleurs, certes, a repris le travail. Mais la grève demeure active et, comme en 1999-2000, un groupe très déterminé parvient à redonner confiance à une fraction plus large de travailleurs en lutte.
Ni les patrons ni les élus ou quelque prétendue "autorité" que ce soit n'ont proposé ne serait-ce qu'une rencontre avec les travailleurs en grève depuis plusieurs semaines. On les ignore! Les grévistes se rappellent donc régulièrement à leur bon souvenir. La lutte continue!