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Leur société
Droit d’asile et immigration : Europe forteresse
Le droit d'asile pour les réfugiés est de plus en plus difficile à obtenir, en France comme dans toute l'Europe. Le fait que le Conseil européen du 4 novembre ait retenu comme une "possibilité" l'idée de créer des centres de demandeurs d'asile -autrement dit des camps de rétention- au-delà des frontières de l'Europe a de quoi inquiéter.
Selon un état des lieux de 2004 publié par Forum Réfugiés, le nombre des demandeurs d'asile diminue dans la plupart des pays européens. La baisse, due en grande partie à des dispositions très restrictives qui empêchent de faire ces demandes, atteint 19% pour l'Europe des 25, ramenant le nombre de demandeurs d'asile à son plus bas niveau depuis 1997. Mais quand la demande est faite, après bien des difficultés, les chances d'obtenir ensuite le statut de réfugié sont minces, et même de plus en plus minces. En France en 2002, 16,9% des demandes étaient acceptées, en 2003 seulement 14,8% d'entre elles.
Les 4 et 5 novembre, les vingt-cinq chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne ont discuté d'une nouvelle phase "d'harmonisation" des politiques d'asile. Un statut uniforme d'asile devrait être mis en place dans toute l'Union européenne d'ici 2010. Il a aussi été question, lors d'une précédente réunion des ministres de l'Intérieur européens de renvoyer les demandeurs d'asile arrivant spontanément en Europe et de les regrouper dans des "centres de transit" installés dans d'autres pays.
Sous les dénominations hypocrites de "portails de l'immigration" ou de "centres d'assistance", il s'agirait, ni plus ni moins, de regrouper les milliers de personnes qui fuient les régimes de dictature ou d'oppression, ou qui fuient tout simplement la misère, dans des camps de rétention installés dans des pays situés à l'extérieur de l'Union européenne. Les représentants français ont certainement gagné la palme de l'hypocrisie, en faisant mine de s'opposer à de tels projets tout en proposant des "points de contact" où les migrants pourraient prétendument obtenir des informations sur leurs droits et leur entrée potentielle dans l'Union. Même si les dirigeants européens n'ont pour l'instant fait qu'envisager la possibilité de tels centres de rétention, plusieurs centaines d'organisations non gouvernementales comme la Ligue des droits de l'homme ou le GISTI (Groupe de soutien aux travailleurs immigrés) pour la France se sont déclarés inquiets de la future politique européenne en matière de droit d'asile.
Les frontières de l'Union européenne viennent d'être repoussées cette année, avec l'intégration de dix nouveaux pays et le seront encore en 2007, avec celle de la Roumanie et de la Bulgarie. Mais elle érige des murs toujours plus hauts, à ses frontières extérieures, contre les populations les plus pauvres de la planète, en "harmonisant" ses lois répressives, au lieu d'instaurer de vrais droits pour les immigrés et les demandeurs d'asile.