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Leur société
Les déclarations de Hollande : Le PS tiendra ses promesses, puisqu'il refuse d'en faire
Invité à l'émission 100 minutes pour convaincre sur France 2 du jeudi 9 décembre, François Hollande, premier secrétaire du Parti Socialiste, a disposé de plus d'une heure et demie pour se livrer à un exercice dans lequel les dirigeants du PS sont passés maîtres: apparaître comme des opposants de "gauche" au gouvernement, sans s'engager sur quoi que ce soit au cas où le PS reviendrait aux commandes.
C'est sans doute cela que Hollande appelle "être cohérent, c'est-à-dire réduire l'écart entre l'incantation dans l'opposition et la gestion au pouvoir".
Comme le veut le principe de l'émission, Hollande était confronté à plusieurs invités, dont Marie-George Buffet. Ceux qui s'attendaient à ce qu'elle interpelle Hollande sur son absence d'engagements vis-à-vis des travailleurs sont restés sur leur faim: la dirigeante du Parti Communiste a axé surtout son intervention sur le fait que le PS avait décidé de répondre "oui" au référendum sur la Constitution européenne.
En réalité, les questions qui dérangent sont venues de là où on ne les attendait pas forcément: en l'occurrence de Nicolas Beytout, journaliste au Figaro et chaud partisan du gouvernement Raffarin. Histoire de glisser quelques peaux de banane sous les pieds de Hollande, à chaque fois que celui-ci critiquait une mesure de Raffarin, la même question tombait avec régularité: "Reviendrez-vous sur cette mesure si vous êtes élu en 2007?" Invariablement, Hollande bottait en touche ou noyait le poisson. Mais pas une seule fois il n'a répondu par l'affirmative.
Ainsi, sur la remise en cause des 35 heures par Raffarin: "Je pense que, si nous revenons aux responsabilités, nous engagerions une grande négociation sur cette question du temps de travail." C'est une façon de dire qu'il ira, sur cette question, dans le même sens que Fillon-Raffarin. Pire, en laissant l'initiative aux patrons. Car qu'est-ce que cela signifie, la négociation, dans un contexte où les patrons trouvent trop souvent devant eux des syndicalistes, démoralisés, voire prêts à s'incliner? Sans compter les nombreuses entreprises où il n'y a pas de syndicats!
À propos de la baisse de l'impôt sur la fortune: "Je pense qu'il faudra regarder, en matière d'impôt sur la fortune, comment mieux appréhender l'ensemble des patrimoines." Beytout insiste alors: "Pour relever cet impôt?" Réponse: "Pour essayer de le rendre, disons, plus équitable, quelle que soit l'origine de la fortune." Quelle prudence!
Sur la "réforme" de l'assurance-maladie de Douste-Blazy: "Je considère qu'aujourd'hui, la priorité devrait être donnée à la réforme du système de santé." Beytout s'étonne: "Ça n'a pas été fait?" Hollande: "Non, ça n'a pas été fait." Mais évidemment, nul engagement clair sur la nature de cette future réforme socialiste, ni sur l'annulation des mesures de Douste-Blazy, déjà prises ou à prendre.
Sur l'éventuelle renationalisation d'EDF: "Il faut, dans une certaine mesure, redonner du capital public." Mais de renationalisation, point. Quant à Air France: "Air France, c'est différent. Nous avions nous-mêmes commencé à ouvrir le capital. Je pense qu'aujourd'hui la privatisation est un processus irréversible." Là au moins, cela a le mérite d'être clair.
Hollande a proposé un "contrat commun" à ses partenaires Mamère et Buffet pour 2007. Il a parlé d'une "gauche durable", préférable à la "gauche plurielle", "pas simplement pour gagner une élection, mais pour gouverner durablement le pays". Mais, à part la dénomination, qu'y a-t-il de nouveau par rapport à défunte Union de la Gauche de 1981 ou à feu la Gauche Plurielle de 1997, sinon le rappel que le PS se réserve le choix de ses partenaires? Au restaurant du PS, on change le nom des plats sur la carte et on continue à servir la même tambouille.
Alors, Hollande avait "100 minutes pour convaincre". Pour montrer que les travailleurs n'ont rien à attendre du Parti Socialiste, il a été très persuasif.