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Dans les entreprises
Renault Truck Vénissieux (69) : Une bonne réaction
Chez Renault Truck à Vénissieux, en banlieue de Lyon, l'accord RTT se décline différemment suivant les secteurs. Deux régimes s'appliquent dans l'établissement: un régime cyclé donnant droit à un jour de RTT toutes les trois semaines et un régime annuel avec seulement 10,5 jours et 10 minutes de pause supplémentaire, et une partie des jours à libre disposition.
Au secteur Pièces de Rechange, qui regroupe 300 ouvriers et 200 ATAM (Techniciens et Agents de maîtrise) et cadres, tout le monde bénéficiait du régime cyclé. La direction Pièces de Rechange aurait bien voulu récupérer cinq jours par salarié, en basculant certains secteurs dans le régime des 10,5 jours annuels.
Les travailleurs concernés, dans leur immense majorité, ayant vite fait leur calcul, ont refusé cette modification et devant ce refus, la DRH a décidé de redéfinir les modalités de prise des jours de RTT, dans un sens strict et restrictif, ce qui était une forme de chantage. Et l'a communiqué largement dans les ateliers et bureaux.
Jusque-là, du fait de l'activité spécifique du secteur des Pièces de Rechange, un calendrier de prise des jours de RTT était établi avec une certaine souplesse, en bonne intelligence entre les compagnons et la hiérarchie. C'est cette souplesse que la direction voulait retirer en instaurant un calendrier individualisé et rotatif (un jour RTT une fois le lundi, puis le mardi, puis le mercredi, etc.). De plus, elle a voulu modifier la règle de prise des congés d'été en imposant quatre semaines consécutives, alors que là aussi existait une certaine souplesse.
Tout cela a fait beaucoup discuter et, à l'appel de la section CGT des Pièces de Rechange, un débrayage a été organisé à l'occasion de la réunion de délégués du personnel le 7 décembre. Les plus convaincus ont entraîné les hésitants, et on a pu voir des travailleurs qui n'avaient jamais fait grève se joindre au cortège. Plusieurs secteurs comptaient 100% de grévistes. Quand les différents groupes ont convergé vers le lieu de la réunion, il y avait 150 grévistes et une chaude ambiance.
Plus les travailleurs envahissaient la salle, et plus la direction blêmissait. La DRH a d'abord défendu son projet, ne voulant rien lâcher. À maintes reprises elle a essayé d'expliquer sa nouvelle méthode (contredisant ses propres écrits que les militants avaient fait circuler dans les ateliers). Plusieurs salariés lui ont fait remarquer qu'ils savaient lire et qu'elle était suffisamment payée pour réfléchir à nouveau.
Vu la tournure des événements, le chef de centre, inquiet pour son «business», a jugé plus raisonnable, au bout d'une heure, de retirer le projet de la direction.
Cette action a redonné confiance. Certains ont demandé: et quand est-ce qu'on remet ça?