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Dans le monde
Allemagne : Le chômage et la misère s'accroissent les profits explosent
La réforme du "marché du travail", baptisée "plan HartzIV", du nom du conseiller du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder qui en est le concepteur, et contre laquelle des dizaines de milliers de personnes avaient protesté tout au long de l'été dernier lors des "manifestations du lundi", est entrée en vigueur le 1erjanvier en Allemagne.
Jusqu'à présent les chômeurs touchaient une allocation, liée à leur ancien salaire, pendant 32 mois puis ils relevaient de l'aide sociale. Ils étaient jusqu'à présent 2,7 millions dans ce cas. Cette aide sociale est maintenant réservée aux personnes qui, physiquement, ne peuvent travailler plus de trois heures par jour. Pour tous les autres, la durée de l'indemnité a été réduite à douze mois. Au-delà, ils ne toucheront plus qu'une allocation-chômage bis qui se monte à 345 euros à l'Ouest et 331 à l'Est. Cette somme est complétée par une prime par enfant à charge (qui peut aller de 199 à 276 euros). Mais les revenus du conjoint ou le patrimoine du ménage peuvent réduire les indemnités. Tout cela, dans un grand nombre de cas, signifie une baisse des revenus des chômeurs qui va enfoncer encore un peu plus une partie des couches populaires dans la misère. On parle de dizaines de milliers de chômeurs qui ne vont plus recevoir d'argent du tout. Et, selon la Confédération des locataires, environ 100000 chômeurs vont devoir déménager dans des logements meilleur marché, d'autres vont se retrouver sans domicile fixe.
La réforme Hart IV impose également aux chômeurs d'accepter, sous peine de voir leurs maigres allocations réduites, n'importe quel type de travail, même sous-payé, sauf si le salaire est de plus de 30% inférieur à celui pratiqué dans le secteur. L'un des buts essentiels est en effet d'offrir au patronat une main-d'oeuvre à (très) bon marché. Mais s'attaquer aux chômeurs ne signifie évidemment pas s'en prendre au chômage. Celui-ci continue d'augmenter et il a, officiellement, atteint en décembre le chiffre de 4460000demandeurs d'emploi, soit 10,8% de la population active. Ce qui représente une hausse de 150000 chômeurs en un an.
Le gouvernement allemand continue donc de faire table rase de tout ce qui permettait aux plus pauvres, à ceux qui connaissent des difficultés, de survivre. Le pays serait-il en crise? Pas du tout. Les différents bilans économiques de l'année 2004 qui sont publiés depuis le début janvier en témoignent. D'après les résultats provisoires publiés par l'Office fédéral des statistiques, la balance commerciale de l'Allemagne a atteint, avec un excédent de 155 milliards d'euros, un nouveau record historique, après celui de 2003. Quant aux profits des entreprises, ils atteignent aussi des sommets. Le quotidien économique Handelsblatt a ainsi annoncé que les 30 entreprises cotées à l'indice DAX (l'équivalent du CAC 40 en France) vont verser, en 2005, 15,2 milliards d'euros de dividendes, soit autant que lors de l'année 2000, qui avait été une année record. C'est en particulier le cas de Siemens, qui, en juin dernier, avait effectué un chantage à la délocalisation pour obtenir que plusieurs de ses usines travaillent désormais 40 heures, payées 35: ses bénéfices ont atteint le montant inégalé de 3,4 milliards d'euros en 2004, en progression de 42%! Des chiffres qui éclairent la politique violemment antiouvrière menée par le Parti Social-démocrate, et ses alliés Verts, contre le monde du travail.