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Affaire Executive Life : Les casseurs ne sont pas les payeurs
Mercredi 16 février, un accord a été conclu entre la justice américaine et une partie des accusés français du procès d'Executive Life: le Crédit Lyonnais et le CDR (Consortium de réalisation, l'organisme public qui gère les actifs douteux du Crédit Lyonnais depuis 1995).
Le procès civil est annulé, moyennant le paiement de 700 millions de dollars de dédommagements, qui se décomposent en 575 millions pour le Département aux assurances de Californie, 75 millions pour la société d'assurances Sierra et 100 millions pour la Réserve Fédérale américaine. À ces sommes s'ajoutent les 771,5 millions de dollars versés en 2003 dans le cadre d'un autre accord «à l'amiable», qui avait permis de mettre fin à la procédure pénale et, entre autres, à Peyrelevade, PDG du Crédit Lyonnais à l'époque, d'échapper à une condamnation. Au total ce seront près de 1,5 milliard de dollars, dont la quasi-totalité sera payée par l'État, c'est-à-dire les contribuables français.
En 1992, la filiale Altus Finance du Crédit Lyonnais avait racheté la compagnie d'assurances Executive Life, en contournant la loi américaine, avec la complicité de la société d'assurance MAAF et du groupe Artémis de François Pinault, l'ami milliardaire de Chirac. Aujourd'hui la société Executive Life, rebaptisée Aurora, est devenue rentable. Contrôlée à 67% par la holding de Pinault, elle lui a permis de réaliser des plus-values d'environ un milliard de dollars. Le Crédit Lyonnais, en lui revendant le portefeuille d'obligations d'Executive Life, moyennant un prêt, a ainsi largement contribué à la fortune actuelle de Pinault.
Après l'accord avec le Crédit Lyonnais, Pinault et la MAAF se retrouvent seuls en procès, car ils n'ont pas voulu payer la somme proposée par la justice américaine pour «passer l'éponge». S'il est condamné au pénal, Pinault devra payer une somme de l'ordre de 970 millions de dollars.
Pinault, un affairiste habitué à empocher mais pas à casquer, est cette fois tombé sur plus requin que lui. À moins que cet ami du président n'arrive à trouver lui aussi un accord et un moyen de le faire retomber sur le dos des contribuables français.