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Dans les entreprises
Renault (Siège social) : Que reste-t-il de Billancourt ?
Depuis quelque temps la presse écrite, la télévision, la radio s'intéressent à «la fin» de l'Ile Seguin à Billancourt. La démolition des bâtiments de cette usine est en effet spectaculaire.
Depuis février 1992, plus une voiture n'est sortie des chaînes de montage de l' «Ile». Mais Renault Billancourt, ce n'était pas que l'Ile Seguin. En dehors de celle-ci, ateliers et bureaux étaient implantés sur une vaste surface surnommée le Trapèze, devenu aujourd'hui un immense terrain vague, où bulldozers et pelleteuses aplanissent le sol.
Pourtant, il reste encore plusieurs bâtiments où travaillent des centaines d'employés, en majorité de la direction informatique. À partir du 14 mars, par vagues successives, ces bureaux du Trapèze vont se vider de leurs occupants, qui tous appartiennent à cette direction, la DTSI. Nous serons environ 1500 à rejoindre de nouveaux locaux: les techniciens de l'Exploitation à Montigny-le-Bretonneux dans les Yvelines, et le plus grand nombre d'entre nous au Plessis-Robinson dans les Hauts-de-Seine, un site dénommé Équinove, où travaillent déjà 600 collègues de la direction commerciale ayant quitté le Trapèze en juin 2004.
Cette migration, la direction la prépare depuis des mois. Elle nous inonde de e-mails faisant le point sur l'avancement des travaux et vantant les mérites de nos futurs bureaux. Elle a organisé des visites guidées de notre futur bâtiment, dont seul un étage est actuellement meublé. Nous savons tous, maintenant, ce qui nous attend: des bâtiments rectilignes plantés dans un environnement paumé, à côté de l'autoroute, sans un bistrot ni un restaurant à proximité, des locaux neufs mais réalisés à l'économie, des «plateaux» paysagers sans cloisonnement, où les bruits pourront se propager librement... et où la ségrégation régnera entre les employés de Renault et leurs collègues prestataires, qui seront relégués sur deux niveaux et ne pourront se déplacer ailleurs sans être accompagnés! Bravo la convivialité!
Ces dernières années, nous avons travaillé dans des bâtiments entourés de gravats, et les anciens de Renault s'étonnaient de voir le Trapèze devenu un champ de ruines. Mais au moins, à proximité, la place Nationale, ses cafés et ses restos permettaient de quitter l'environnement du travail. Et puis la ville de Boulogne est proche. Désormais, au Plessis, ce sera «métro boulot dodo», et pour beaucoup d'entre nous un allongement important du temps de transport et une augmentation de son coût.
Tout cela, entre autres, pour permettre aux actionnaires de Renault de réaliser une plus-value considérable sur la vente des terrains!