- Accueil
- Lutte ouvrière n°1911
- Politique salariale : Mais quels engagements prend donc le PS ?
Leur société
Politique salariale : Mais quels engagements prend donc le PS ?
On voit aujourd'hui les dirigeants du Parti Socialiste se faire les avocats des augmentations de salaires, soucieux qu'ils sont de capitaliser à leur profit le mécontentement social. Dominique Strauss-Kahn affirme ainsi qu'il faut "une augmentation significative de la majorité des salariés", et appelle à "un Grenelle des revenus". Que n'a-t-il dit et surtout agi dans cette direction quand il était ministre des Finances du gouvernement Jospin, de 1997 à 1999!
À l'époque, les patrons profitaient des lois Aubry sur les 35heures pour imposer, en plus de la flexibilité, un gel des salaires sur une, deux, voire trois années. Strauss-Kahn applaudissait! Et ce n'était pas la première fois que baisse des revenus rimait pour la classe ouvrière avec gouvernement de gauche. L'Humanité du 13mars publie, sans commentaires, un graphique de l'Insee montrant comment la part revenant aux salariés dans la richesse produite s'est effondrée ces trente dernières années. C'est à partir de 1982 que s'est fait le gros de la chute. C'est donc sous des gouvernements socialistes auxquels participaient des ministres communistes, ce qu'omet de dire l'Humanité.
Juin 1982, c'était l'époque où Pierre Mauroy bloquait les salaires pour quelques mois, donnant le coup d'envoi à une dégradation accélérée des revenus du monde du travail. On pouvait même voir son ministre du Travail, Auroux, un socialiste comme lui, appuyer la direction de Citroën pour qu'elle ne donne pas l'augmentation de salaire conquise par la grève les mois précédents, précisant qu'aux termes de la loi toute augmentation était désormais interdite.
Le blocage se prolongea par un encadrement strict des hausses salariales. Dans la fonction publique, ce sont les gouvernements de gauche qui remplacèrent l'augmentation des salaires en fonction de la hausse des prix, tous les trois mois avant 1981, par des augmentations indépendantes de celle-ci, avec éventuellement un rattrapage si ces prix augmentaient plus que prévu. Ce sont eux qui inaugurèrent une nouvelle façon de comptabiliser les augmentations, incluant toutes les augmentations individuelles, les promotions, ce qui permit de limiter les augmentations générales aux chiffres insignifiants que nous connaissons aujourd'hui. Le patronat appliqua les mêmes méthodes dans le secteur privé, trop content de pouvoir s'appuyer sur les consignes des gouvernements de gauche limitant les augmentations de salaires sous prétexte de lutte contre l'inflation.
Le Parti Socialiste est largement intervenu pour réduire les salaires au niveau où ils sont aujourd'hui. Et il ferait la même chose demain s'il revenait au gouvernement. La preuve, c'est qu'il se garde bien de rappeler ses exploits passés en ce domaine !