Depuis le 7 avril, les travailleurs des gares d'Orléans, Les Aubrais et Blois (420 cheminots) protestent par des débrayages et des grèves contre le manque d'effectifs. Comme partout, la SNCF est engagée dans une politique drastique d'économies sur les effectifs. Les départs en retraite étant nombreux cette année, elle en profite pour ne pas remplacer ceux qui partent, ou les remplace avec un tel retard qu'il manque toujours des cheminots en poste quelque part.

Fin 2004, ceux de l'établissement d'Orléans se sont rendu compte qu'il restait en moyenne à chacun 14,5 jours de congés et repos à prendre de toute nature! La pénurie d'effectifs est telle que la direction avoue que plus de cent journées de travail par mois ne peuvent être assurées, même en imposant des conditions de travail bien loin des 35 heures. Les cheminots calculaient qu'il manquait 18 agents en roulement et qu'il leur faudrait 40 embauches pour avoir des conditions de travail et de formation correctes et pouvoir disposer de leurs congés et repos comme ils l'entendent. À titre d'exemple, il est fréquent que les agents de remplacement fassent des semaines de six jours (soit 48 heures)! Il est fait souvent des pressions sur des salariés en roulement pour qu'ils viennent sur des repos, ce qui rend les conditions de travail difficiles. Et quand un poste n'est pas tenu, c'est sur ceux qui restent que le travail retombe!

Depuis longtemps, la direction minimisait les difficultés et n'hésitait pas à sanctionner pour des erreurs, même mineures, sur des opérations sécurité. Jeudi 7 avril, l'ensemble des syndicats appelaient à débrayer une heure et 80 cheminots des guichets et des postes d'aiguillage envahissaient la réunion des délégués du personnel pour dire chacun leur tour à la directrice que cela ne pouvait plus durer. Les deux vendredis suivants, ils ont encore débrayé une heure à plus de 60% au premier collège, à plus de 50% tous collèges confondus. La direction ne cessait de répéter que c'était difficile d'embaucher et qu'il fallait être patient!

Jeudi 28 avril, les syndicats appelaient à la grève la journée pour aller à Tours se faire entendre au Comité d'établissement régional. Aucun guichet n'était ouvert et bien des postes d'aiguillage étaient tenus par des cadres. Les 55 cheminots présents se relayèrent pour dire vertement au directeur de région et au DRH qu'ils avaient besoin d'embauches! Le directeur fit encore monter la colère quand il affirma qu'à sa connaissance il ne manquait que deux postes! Il dut alors s'engager à recevoir une délégation pour discuter des effectifs et des sanctions.

La direction a finalement annoncé l'embauche de quatre cheminots à Orléans et de quatre à Vierzon, et dit qu'elle réexaminerait les sanctions. C'était un premier recul, bien qu'insuffisant pour vraiment améliorer notre situation. Vendredi 6 mai, les cheminots faisaient à nouveau grève quatre heures pour la plupart, les guichets étaient à nouveau fermés l'après-midi.

À la réunion tenue pendant le débrayage, les présents décidaient de laisser quinze jours à la direction pour trouver les effectifs et les renforts qui seraient nécessaires pour ne pas passer un été trop catastrophique, et de se remettre en grève si elle ne tenait pas ses promesses. Chacun était content d'avoir arraché ces embauches mais la détermination est toujours présente. Il faudrait encore bien plus d'embauches pour que nos conditions de travail et de repos s'améliorent et que notre colère retombe...