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Dans les entreprises
Bourgeois Découpage-Besançon : Le patron porte bien son nom!
La société R. Bourgeois (découpage et emboutissage de tôles pour moteurs électriques), qui emploie 600 personnes sur deux sites à Besançon, possède aussi des usines en Suisse et en Chine.
Raymond Bourgeois, qui créa une petite entreprise de découpage en 1929, la développa après la Seconde Guerre mondiale en imposant un climat autoritaire et un peu délirant. Ainsi les cadres lui offrirent-ils pour ses 70 ans un aigle en bronze qui trôna dans la cour de l'usine, jusqu'à ce que les ouvriers le décrochent à l'occasion d'une grève.
Raymond Bourgeois, fils du fondateur et actuel PDG, maintient la tradition familiale, associé à ses deux fils (l'aîné s'appelle d'ailleurs Raymond-Nicolas...), et son épouse occupe le poste de PDG pour la filiale Scoder. Il se déplace tantôt en Porsche, tantôt en Maserati. Mais sa fierté, c'est de participer chaque année au forum de Davos.
Si le PDG critique régulièrement les 35 heures ou le secteur public, il ne refuse pas les aides de l'État ou des collectivités territoriales. En 2003, l'entreprise et sa filiale Scoder ont bénéficié d'aides pour "le renforcement de la compétitivité dans le secteur du découpage". En 2005, l'usine peut s'agrandir sur un terrain cédé et aménagé grâce à des fonds publics (dont la municipalité PS) pour un montant de 553000 euros.
Le patron s'est longtemps appuyé sur un chef du personnel brutal. Injures, remarques vexatoires pour les femmes, licenciements abusifs, sanctions ou bousculades étaient fréquents. Dans ce climat, est-il étonnant que le 1er juillet 1992 un ouvrier licencié quelques mois plus tôt soit revenu dans les ateliers armé d'un fusil d'assaut et ait tué sept personnes?
Aujourd'hui, les sanctions restent nombreuses et des ouvriers ont récemment été licenciés pour casse d'outils. En été, la chaleur devient étouffante en fonderie et sur les presses. Des soudeuses n'ont pas d'extracteur de fumée. Pour la direction, les accidents relèvent de la responsabilité des ouvriers. Ainsi à la Scoder, un cariste qui avait fait une chute avec son engin, sur un quai non sécurisé, a été licencié peu après. Un intérimaire gravement blessé à la jambe par un rouleau de tôle n'a pas été repris après son hospitalisation.
Les bénéfices sont là et continuent d'enrichir la famille Bourgeois, mais aussi le trust sidérurgique Arcelor, un des actionnaires de l'entreprise. Pour le personnel, en revanche, l'augmentation des salaires se limite à 1,5% pour 2005.