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Aéroport de Toulouse-Blagnac : Les pompiers ont gagné
Il y a quatre ans, la CCI qui gère l'aéroport de Toulouse a sous-traité à une société privée, Main Sécurité (filiale d'ONET), le service incendie et secours qui était jusqu'alors assuré par des pompiers qui dépendaient du Conseil général. Les 43 nouveaux pompiers ont été embauchés à un salaire divisé par deux par rapport à ceux qu'ils sont venus remplacer. Tous les trois ans, un appel d'offre est lancé et, si une nouvelle société reprend le marché, elle n'a l'obligation de reprendre que 85% du personnel. De plus, leur direction ne cesse d'essayer de leur imposer de nouvelles tâches. Et, dans une profession où la forme physique est indispensable, les arrêts de travail sont très mal compensés.
Pour toutes ces raisons, la colère montait depuis des semaines chez les pompiers. Parmi les revendications figuraient: augmentation de 10%, treizième mois, reprise du personnel à 100% en cas de renouvellement du marché et compensation intégrale des arrêts de travail.
Une fois le préavis de grève déposé pour le lundi 27 juin, les pressions sur les pompiers n'allaient pas cesser, aussi bien de la part de leur direction que de la CCI. Le dimanche précédant la grève, la direction tentait un dernier coup de bluff en envoyant des télégrammes téléphoniques au domicile de trois pompiers, leur intimant de venir travailler. Le lundi matin, les pompiers s'assuraient que cet ordre n'avait aucune valeur et se mettaient en grève à 100%. Plus aucun avion n'atterrissait ni ne décollait.
La CCI essayait alors de remplacer les grévistes par les pompiers de l'usine voisine d'Airbus, bien que ceux-ci ne disposent pas de l'agrément obligatoire pour intervenir sur un aéroport. Mais ceux-ci refusaient: pour eux, il n'était pas question de casser la grève de leurs collègues.
Les négociations allaient durer toute la journée, sans réelles avancées, et les pompiers décidaient en fin de journée de repartir chez eux. Les responsables de la CCI, directeur en tête, couraient alors derrière les grévistes pour les faire revenir à la table des négociations. Celles-ci duraient une bonne partie de la nuit. Finalement, en ajoutant 75% du treizième mois, 45euros de prime et une augmentation, les pompiers obtenaient l'équivalent de 12,5% de hausse des salaires, après moins de 24 heures de grève! Les pompiers de Toulouse-Blagnac ont alors décidé la reprise du travail. Mais déjà ceux d'autres aéroports se disent prêts à suivre leur exemple.
Chez les pompiers, le feu couvait sous la cendre.