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Égypte : Un succès des travailleurs de l’amiante
Après une lutte de plus d'un an, les travailleurs d'une entreprise égyptienne, la société Aura Egypt, qui fabrique des produits amiantés, ont réussi à faire valoir leurs droits.
Depuis des années, des travailleurs se battent en Égypte contre les dangers occasionnés par la poussière d'amiante. Ces protestations ont fini par conduire le gouvernement, en décembre 2004, à interdire l'importation d'amiante, ainsi que la fabrication de produits en comportant. Ce décret comportait néanmoins de nombreuses exceptions, pour ne pas léser les intérêts des industriels utilisant ce produit.
Mais avant même la parution du décret, en septembre 2004, le propriétaire d'Aura Egypt déclara qu'il ne pouvait poursuivre son activité. Il cessa de payer ses salariés et entama des procédures pour en licencier 70. Après des années de services pendant lesquelles ils avaient respiré de la poussière d'amiante, gravement malades pour nombre d'entre eux, ces travailleurs se retrouvèrent privés de toute ressource et d'assistance médicale, les cancers ou maladies causées par l'amiante n'ayant pas été reconnus comme des maladies professionnelles.
La mobilisation des travailleurs d'Aura Egypt réussit à imposer au ministère du Travail qu'il leur verse six mois d'indemnités, de janvier à juin 2005, mais rien ensuite. Ils décidèrent donc, le 16 août, de faire grève en campant devant les portes de la Fédération des syndicats égyptiens, jusqu'à ce que leurs demandes soient satisfaites. Cela tombait mal pour le gouvernement, en pleine campagne électorale pour les élections présidentielles. Du coup, ses représentants firent pression sur le propriétaire de l'usine pour qu'il négocie avec les travailleurs.
Après une semaine de grève, les salariés d'Aura Egypt ont finalement obtenu, le 24 août, que leur employeur leur paie les arriérés de salaire. Ils obtiennent aussi, en guise d'indemnités, deux mois de salaire par année de travail, payées moitié par le patron, moitié par le gouvernement. En outre, ils pourront passer un examen médical pour savoir s'ils ont contracté une maladie liée à l'amiante et, si c'est le cas, obtenir des compensations pour cela.
Parmi les quelques centaines de travailleurs de l'entreprise, beaucoup sont malades à un degré ou à un autre, et 46 souffrent d'un cancer avéré. Il aura fallu cette lutte, et la campagne menée autour d'eux par des militants syndicaux d'opposition, pour imposer au gouvernement de prendre quelques mesures contre l'utilisation de l'amiante dans l'industrie égyptienne, où le mépris de la santé des travailleurs est la règle.