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Belgique : Les travailleurs ont répondu massivement à l'appel des syndicats
Vendredi 28 octobre, de nombreuses grandes entreprises ont été arrêtées et près de 100000 manifestants ont défilé dans Bruxelles, la plus vaste manifestation syndicale depuis 1986. Après la grève réussie du 7 octobre à l'appel de la seule FGTB, cette seconde mobilisation trois semaines plus tard, lancée par les trois syndicats, est un succès incontestable.
Les travailleurs sont de plus en plus nombreux à ne plus faire confiance aux gouvernements et aux dirigeants politiques, y compris socialistes, et ils sont prêts à l'exprimer clairement quand les organisations syndicales leur en donnent l'occasion.
Lors de la journée du 7 octobre contre les mesures gouvernementales visant à retarder l'accès à la préretraite, la direction de la FGTB avait demandé aux militants d'organiser des piquets devant les entreprises. D'autres piquets avaient bloqué des zones industrielles en fermant les accès routiers. De nombreuses entreprises avaient ainsi été paralysées, mais aucune manifestation locale ou centrale n'avait été organisée.
Pour le 28 octobre, les trois syndicats, FGTB (socialiste), CSC (chrétien) et CSGLB (libéral), ont fait ce qu'il fallait pour le succès de la manifestation à Bruxelles en fin de matinée. Les syndicats de la SNCB avaient demandé à leurs adhérents de ne pas faire grève pour amener les manifestants à Bruxelles en trains gratuits. De nombreux cars étaient aussi prévus. Au cours de la semaine des débrayages ont été organisés dans plusieurs grandes entreprises, ainsi qu'une manifestation à Charleroi et à Namur. Comme d'habitude, les syndicats allouaient 25 euros d'indemnité de grève et 10 euros de casse-croûte pour la manifestation. Partout les militants insistaient pour y aller. La mobilisation fut un succès. Dans la manifestation, nombreuses étaient les réflexions : " Il était temps qu'on se réveille un peu ", " Ça fait du bien à voir tout ce monde dans la rue, ça montre qu'il y a encore des gens combatifs " ou " Ça ne doit être qu'un début ". Comme d'habitude les pétards et les sifflets dominaient le cortège.
Beaucoup de travailleurs sont venus parce qu'il est impossible de croire dans ce " Pacte de solidarité entre les générations ", qui voudrait imposer de travailler jusqu'à 60 ans, et même 65, alors qu'il y a tant de jeunes au chômage. Les conditions de travail sont devenues bien trop dures pour imaginer tenir jusqu'à 60 ans, dans l'industrie bien sûr, mais aussi aux caisses de supermarchés ou dans les hôpitaux et de nombreux autres secteurs. Et puis, ce sont les entreprises qui licencient, vers 50-55 ans, pas les travailleurs qui partent d'eux-mêmes. Si les mesures du gouvernement passaient, les salariés se retrouveraient au chômage plutôt qu'en préretraite, avec de l'ordre de 50% du salaire au lieu de 80%.
Forts de ce double succès, les syndicats ne comptent pourtant obtenir du gouvernement que l'ouverture de nouvelles négociations sur les " réformes fin de carrière "... Mais négocier les propositions du gouvernement et du patronat, c'est d'avance envisager un recul sur les préretraites et les retraites. La seule " négociation " valable serait sur l'augmentation du montant des retraites, l'augmentation des salaires et des embauches massives dans les entreprises et les administrations, sur la base d'un rapport de force en faveur des travailleurs que grèves et manifestations pourraient construire.
Après la manifestation, les dirigeants syndicaux ont fait savoir qu'ils se reverraient le 8 novembre, et que si d'ici là le gouvernement n'avait pas fait de " geste significatif ", il y aurait de nouvelles actions. Beaucoup de travailleurs attendent maintenant une suite de la part des syndicats.