... et pas pour la clientèle modeste07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

... et pas pour la clientèle modeste

Les services financiers de La Poste n'ont pas été mis en place dans l'intérêt du public. Au 19e siècle et au début du 20e, ils ont servi à vider les bas de laine des paysans, à ratisser les salaires des ouvriers et les petites économies jusque dans les villages les plus reculés, tout un monde dédaigné alors par les banques. L'État mit les moyens pour suppléer à ce manque afin d'utiliser l'argent ainsi drainé au service de sa politique.

Encore aujourd'hui, La Poste reflète ses origines, elle est en partie la banque des pauvres et des retraités. Mais ceux-là seront bientôt aussi mal traités par La Poste que par les banques: un chèque impayé, des découverts à répétition, cela coûte très cher. Comme disait Coluche: "Mieux vaut faire payer les pauvres, ce sont les plus nombreux."

Aujourd'hui, 3,5 millions de personnes franchissent tous les jours la porte d'un bureau de poste. Beaucoup le font pour de très petits retraits, quand tombent le RMI, les Assedic, les allocations familiales ou la retraite. Pour tous ceux-là, l'évolution vers une banque classique ne peut être qu'une détérioration du service rendu, déjà bien souvent défaillant. Comme l'abandon de tous les bureaux jugés non rentables est une difficulté supplémentaire pour tous ceux qui, pour se déplacer, sont affaiblis par la maladie, l'âge ou la pauvreté.

Quant aux usagers qui ont à peine quelques centaines d'euros d'économies sur leur compte ou livret, ils ne sont pas tranquilles pour autant. Ils auront peut-être même droit à la visite d'un démarcheur à domicile dont La Poste compte s'équiper. "Harponner" les clients, selon l'expression véhiculée par la hiérarchie, leur vendre quelques actions, une assurance, n'importe quoi, du moment que leurs quelques sous vont rejoindre la spirale de la spéculation, tels sont les objectifs que La Poste, à l'instar des banques, donne à son personnel commercial, fer de lance de sa politique.

Il n'est pas étonnant que beaucoup d'employés, devant ces objectifs, freinent des quatre fers. Par ces temps d'attaques tous azimuts, chacun mesure mieux à quel point, les intérêts des usagers modestes et ceux des salariés sont liés.

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