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Leur société
Fin de l'état d'urgence... mais pas des problèmes urgents
Chirac a décrété la fin de l'état d'urgence "au vu de la situation de ces dernières semaines". Cet état d'urgence avait été institué le 8 novembre et prorogé le 21 novembre pour une durée de trois mois.
C'est un geste qui se veut théâtral, tout comme le fut l'instauration de cet état d'urgence par Villepin et Sarkozy. Désormais, nos gouvernants considèrent donc la situation comme normale: la misère continue à croître et exerce ses ravages, les jeunes continuent à galérer et un petit nombre d'entre eux à vouloir se faire entendre de façon parfois stérile et dérisoire. Aujourd'hui, cela fait moins de bruit qu'il y a quelques semaines et c'est tout ce qui compte pour le gouvernement.
La loi sur l'état d'urgence remonte aux débuts de la guerre d'Algérie; elle autorisait les représentants de l'État à prendre de nombreuses mesures contre toute personne susceptible d'entraver l'action des autorités: interdiction de circulation, interdiction de séjour, assignation à résidence, fermeture de lieux de réunion, perquisition de jour et de nuit, contrôle de la presse, etc.
La réactivation de cette loi en novembre dernier n'a évidemment pas eu les mêmes effets qu'en 1955; mais elle a pu confirmer la police dans l'idée qu'elle aurait les mains plus libres et elle a contribué à rassurer tous les tenants de l'ordre qui constituent le gros bataillon des électeurs de droite et d'extrême droite auxquels Sarkozy et Villepin veulent plaire.
La suppression de l'état d'urgence vise donc à faire croire que tout est résolu grâce à la fermeté gouvernementale.
Sarkozy et sa police n' avaient pas vraiment besoin de cet état d'urgence pour interpeller trois mille personnes et en passer plusieurs centaines au tribunal, même si cela leur facilitait la tâche; ils s'en passeront d'ailleurs fort bien pour continuer leur travail.
Quant aux vrais problèmes, ils couvent sous la cendre...