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Leur société
Une "idée" de Breton : Ministres en soldes
Depuis le 11 janvier, c'est parti pour les soldes d'hiver, qui prendront fin entre le 7 et le 21 février selon les départements.
Les magasins allongent leurs horaires d'ouverture, embauchent des vendeurs pour la période ou encore proposent des services de porteur aux clients que la télévision va nous montrer se ruant vers les étalages, du moins pendant les premiers jours des soldes, quand c'est encore le moment de faire quelques "bonnes affaires". Il est vrai que pendant les soldes bien des magasins réalisent une partie importante de leur chiffre d'affaires annuel, parfois de l'ordre de 25 à 30% dans l'habillement. Les soldes ont aussi fait leur apparition dans le commerce en ligne, sur internet où le site "Priceminister" attendrait plus de 20000 commandes, ce qui correspondrait au double de ses ventes habituelles pour une période équivalente.
Cette année Thierry Breton, le ministre des Finances, a fait la Une avant même l'ouverture des soldes, en proposant de les multiplier pour les "moderniser". Il a d'ailleurs montré au passage sa méconnaissance de la vie quotidienne en proposant "deux ou trois périodes de soldes", semblant ignorer alors qu'il y en a déjà deux... Mais on se doute que Breton n'attend pas les soldes pour faire ses achats ou pour s'équiper. Sa proposition n'en a pas moins immédiatement obtenu le soutien des grandes chaînes de vêtements comme Zara, Clio ou C&A dont le représentant a déclaré que cela "permettrait de liquider des stocks mal achetés"; et il a même précisé, sa langue aurait-elle fourché, "ou mal faits, avant la fin de la saison"...
La proposition de Breton a par contre provoqué une levée de boucliers chez les petits commerçants dont le représentant, Charles Melcer, patron de la fédération de l'habillement, s'inquiète de l'"incompétence" du ministre et lui demande: "Comment voulez-vous travailler sans marge bénéficiaire?" Ces commerçants ont obtenu le soutien appuyé du ministre du Commerce, Dutreil, en toute solidarité gouvernementale, qui a fait savoir que Breton avait parlé "de son propre chef" en proposant plus de périodes de soldes, ce qui peut effectivement être ressenti comme une arme commerciale entre les mains de la grande distribution contre le petit commerce dont Dutreil se veut le porte-parole.
En tout cas, pour les consommateurs, le vrai problème ne se pose pas en ces termes. Les soldes susciteraient sans doute moins d'engouement si les salaires du plus grand nombre leur permettaient de s'offrir ce dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin.