JO de Turin : De nouvelles affaires pour la bourgeoisie, un nouvel affront aux travailleurs16/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1959.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

JO de Turin : De nouvelles affaires pour la bourgeoisie, un nouvel affront aux travailleurs

L'article suivant est extrait du journal de nos camarades italiens de L'Internazionale (nE 55 de janvier - février 2006).

À l'approche de l'ouverture des Jeux olympiques 2006, organisateurs et médias ont embouché les trompettes de la propagande. À les en croire, l'événement devrait offrir une panacée à tous les maux qui affligent la capitale du Piémont. Turin, ville-vitrine devrait montrer un nouveau visage au monde entier. Toute la bourgeoisie turinoise, des patrons de l'industrie aux agents immobiliers et aux commerçants, applaudit le «clairvoyant» maire DS (Démocrates de gauche, l'ex-Parti Communiste) Chiamparino qui, préoccupé surtout d'obtenir un nouveau mandat lors des élections municipales imminentes, a promis de transformer la capitale de l'automobile italienne, grise et déprimée, en une florissante cité à vocation touristique et multiculturelle. À la place des centres sociaux occupés devraient surgir des hôtels cinq étoiles, et à celle des taudis, habités par des immigrés et des pauvres de plus en plus nombreux, renaître des quartiers résidentiels pour nantis. Et pour ces derniers, même les perturbations à la circulation, provoquées par les innombrables chantiers des villages olympiques ou du métro, ne comptent guère. La perspective d'augmenter leurs rentes les aide à prendre avec le sourire les voies réservées aux protagonistes des jeux, les rues barrées, et le contrôle satellitaire du territoire effectué, nous dit-on, dans un but antiterroriste. Bénis soient donc les tuteurs de l'ordre, les «10000 anges gardiens» ainsi que les a définis le quotidien la Stampa, qui devraient contrôler la ville dans la période des Jeux, du 10 au 26 février.

Il semble par ailleurs que l'unique souci des futurs bénéficiaires des Jeux olympiques soit causé par les graffiti sur les murs du centre-ville, graffiti si insistants que l'armée de peintres enrôlés par la municipalité pour un coût de 10 millions d'euros ne réussit pas à les effacer une fois pour toutes.

Patience si les banlieues sont de plus en plus dégradées et en état d'abandon, si les licenciements sont à l'ordre du jour dans les usines, si la précarité s'étend plus que jamais. (...) Il s'agit d'occulter ce qu'on ne peut éliminer, (...) de faire apparaître Turin, aux yeux du public olympique, comme une ville ordonnée et lavée de toute tache. Au fond, les Jeux olympiques sont un théâtre dans lequel la société bourgeoise réussit à donner la meilleure représentation d'une de ses «vertus» les plus remarquables: l'hypocrisie. C'est l'hypocrisie de ceux qui d'un côté présentent les olympiades comme un symbole de paix, et de l'autre fomentent les guerres qui aujourd'hui ensanglantent la planète.

La partie la plus saine de la ville se demande cependant ce qu'il adviendra après l'orgie olympique. C'est ce que se demandent les 15000 travailleurs surexploités par la sous-traitance dans les chantiers, les milliers de jeunes auxquels on n'offre d'autre perspective que ce présent fait de précarité et d'une instruction et d'une culture asservies au marché, tous ceux qui doivent subir les continuelles suppressions de postes de travail, diminutions de salaire et de services sociaux. Ce sont eux qui doivent payer les 2,5milliards d'euros environ débloqués par l'État pour réaliser des travaux olympiques aussi pharaoniques qu'inutiles. Les quatre palais de glace à l'architecture futuriste sont le symbole de ce défi olympique, une véritable offense pour tous ceux qui attendent, depuis des décennies, un salaire et un logement décents. Les villages olympiques seront une manne seulement pour la spéculation immobilière, même celui que le maire pense déjà à revendre pour combler le déficit de 41 millions d'euros laissés à sa charge par le Toroc, le comité organisateur des jeux.

Les travailleurs ne peuvent certes pas reporter leurs espoirs sur Chiamparino, qui ne s'adresse à eux que pour demander le respect de la trêve olympique, avec la suspension des grèves jusqu'à la fin des jeux. Une première et efficace réponse est venue du personnel de l'aéroport de Turin-Caselle. Ceux-ci ont suivi en masse la grève de huit heures appelée le 8 janvier par la CGIL contre l'accord d'entreprise signé par les deux autres syndicats, CISL et UIL, pour une trêve olympique entre le 9janvier et le 25mars et contre la Sagat, société gestionnaire de l'aéroport, sourde à toute solution après le licenciement de treize travailleurs d'Aviapartner, entreprise sous-traitante chargée des services à terre. CISL et UIL se sont limitées à appeler à quatre heures de grève contre les licenciements.

Cependant encore une fois la volonté de lutte a été trahie par la CGIL, la CISL et l'UIL, qui au niveau national sont tombées d'accord dès le 11 janvier pour conclure avec le gouvernement une trêve olympique allant du 31 janvier au 23 mars. C'est une confirmation de plus que les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces.

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