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Leur société
Dette publique : La corne d’abondance de la bourgeoisie
Approche de la campagne électorale oblige, le gouvernement distribue de nouvelles aides au patronat sous tous les prétextes: augmentation de 50% des aides aux restaurateurs, extension des aides fiscales dans les zones franches, crédit d'impôts en faveur de l'apprentissage dès 14 ans, etc. Et l'année n'est pas terminée. Du coup, certains font mine de s'inquiéter de l'augmentation de la dette publique qui, cumulée au fil des années, atteint 1 138 milliards d'euros, soit 66,8% du PIB ou 17000 euros par habitant!
C'est que, depuis vingt-cinq ans, tous les gouvernements ont dépensé plus chaque année que ce qu'ils encaissaient en recettes, et pas pour améliorer le sort de la majorité de la population! Et malgré les promesses répétées de la réduire, la dette s'accroît. Thierry Breton se vante d'avoir ramené le déficit budgétaire en 2005 en dessous des 3% du PIB. Mais ce déficit, qui dépasse tout de même les 45milliards d'euros, a augmenté d'autant la dette globale. Et cela continuera tant que l'État dépensera plus qu'il ne gagne.
La remontée des taux d'intérêts gonfle encore les montants versés chaque année, ne serait-ce que pour payer les intérêts de cette dette. Ils frôlent maintenant les 40 milliards d'euros et constituent officiellement le deuxième poste budgétaire de l'État après celui de l'éducation. C'est là une véritable manne pour les banques et les organismes financiers prêteurs.
Évidemment, les énormes dépenses de l'État en faveur des entreprises ne sont pas comptabilisées dans un même poste budgétaire, car on verrait alors qu'il dépasse tous les autres puisque la totalité des aides aux entreprises est supérieure à 60milliards d'euros par an. Car ce sont bien les cadeaux des gouvernements et des collectivités locales aux entreprises depuis les débuts de la crise qui ont creusé un tel trou dans les finances publiques, et c'est ce trou qui profite à son tour aux capitalistes de la finance. Pour supprimer les déficits et réduire la dette, il faudrait cesser ces subventions à fonds perdus au patronat, qui ne servent ni à développer la production ni à créer des emplois mais simplement à maintenir et augmenter les profits patronaux malgré la stagnation de l'économie. Aucun gouvernement au service de la bourgeoisie ne le fera car la dette publique est une trop bonne aubaine pour celle-ci.
Villepin et Breton ont paraît-il mis au point dès janvier dernier un plan de désendettement. Il devra être soumis au Parlement en juin prochain. Oh, rien ne presse, car il s'agit d'un plan à long terme, sur cinq ans... à appliquer donc par les successeurs de ces messieurs! En attendant, la devise du gouvernement est: «Après nous le déluge».