Russie : Grève contre la précarité à l'ambassade de France04/05/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/05/une1970.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : Grève contre la précarité à l'ambassade de France

"Soulèvement russe à l'ambassade de France" à Moscou, titrait à la Une Kommersant, un quotidien russe des milieux d'affaires, le 27 avril.

En fait, il s'agit d'une grève déclenchée par le personnel russe recruté sur place. Celui-ci fait le même travail que les employés français des services consulaires, notamment pour la délivrance des visas, mais à des conditions russes: salaires quatre à cinq fois moindres, contrats précaires, pratiquement aucune garantie sociale...

Le ministère français des Affaires étrangères est coutumier de la chose, en Russie comme dans bien d'autres pays de par le monde. De fait, la plus grande partie des employés des ambassades, consulats et institutions qui leur sont rattachées (écoles, cabinet médical quand il y en a, etc.) sont sous contrats précaires. Et, sans ces travailleurs précaires, aucune représentation française à l'étranger ne pourrait fonctionner.

Dans le cas de Moscou. l'affaire a fait quelque bruit, au moins sur place. En effet cette grève a fortement perturbé le service des visas et, du coup, les affaires des tour-opérateurs et agences pour VIP. Ces entreprises, qui ont acheminé 175000 touristes en France en 2005, un chiffre en constante augmentation, se sont plaintes auprès de l'ambassade, faisant valoir que leurs clients sont tributaires de la délivrance d'un visa et que, faute de tels visas, l'industrie touristique française, souvent très haut de gamme, en pâtira.

Cet argument ira-t-il droit au coeur (puisqu'il est à côté du portefeuille) des autorités françaises? Et cela se traduira-t-il par une sensible amélioration des conditions de rémunération et d'emploi du personnel russe de l'ambassade à Moscou et du consulat général à Saint-Pétersbourg? En tout cas, ce personnel ne se laisse pas faire. Et d'autant moins que les télévisions ont (involontairement) fait une large publicité aux manifestations en France contre le CPE et à leur victoire. Certaines, croyant faire passer un frisson de peur, ont même présenté les événements français comme inspirés... par les trotskystes!

En tout cas, le mot "prekarizatsia", inusité jusqu'alors mais désormais largement employé dans les médias russes, se marie fort bien avec un "Niet!" sonore des employés. Et c'est tant mieux.

Partager