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Dans les entreprises
La Poste : Plus les bénéfices augmentent, moins le service est rendu
La Poste vient d'annoncer une nouvelle augmentation de ses bénéfices. De 34 millions d'euros en 2002 ils sont passés à 202 millions en 2003, puis à 374 millions en 2004, et à 557 millions pour le dernier exercice.
Le directeur général de La Poste a tenu à se féliciter de l'amélioration du taux de rentabilité de l'entreprise, c'est-à-dire du pourcentage des bénéfices par rapport au chiffre d'affaires. Celui-ci passe à 3,9% contre 2,8% l'année précédente.
Mais que signifient ces chiffres alors qu'un peu partout les usagers constatent que le courrier arrive de plus en plus mal et que les queues s'allongent aux guichets? Tout simplement que La Poste est engagée à marche forcée dans une politique qui, pour dégager des profits, aboutit à la détérioration du service rendu à la grande majorité des usagers. Pour ce faire, partout les dirigeants réduisent les effectifs. Que ce soit dans les activités financières, au guichet, dans le traitement du courrier avec la réorientation méthodique de l'activité des postiers vers les services les plus rentables, en particulier ceux destinés aux entreprises.
60000 suppressions d'emplois sont en cours, dans une société qui compte encore plus de 300000 salariés. Cette politique aboutit à des temps d'attente qui s'allongent partout, à la suppression de nombreux bureaux, à d'incessantes réorganisations dans tous les services, avec à chaque fois des réductions d'effectifs, des mutations à travers toute la France. Et pour la distribution du courrier ce sont des tournées qui s'allongent pour les facteurs ainsi que la fermeture de nombreux centres de tri sur tout le territoire.
Les postiers payent les bénéfices de La Poste par des déplacements, des changements d'horaires, parfois la perte de leur travail et partout une fatigue supplémentaire. Quant aux usagers, ils peuvent constater chaque jour que la formule «comme une lettre à la poste» appartient bien au passé.
Par contre, tout est fait pour choyer la clientèle patronale. Ainsi, les contrats qui garantissent aux entreprises d'avoir leur courrier à l'heure qu'elles désirent sont en pleine expansion.
Dans cette course aux bénéfices, les dirigeants de La Poste disent qu'il faut faire face à la «concurrence». Aussi bien pour la partie financière, les comptes courants et les livrets d'épargne, qui représentent encore la principale activité aux guichets de la poste, que dans le domaine du traitement du courrier. En fait, ce dont il s'agit, c'est de l'abandon pur et simple des services qu'utilisaient des millions d'usagers de La Poste, ceux aux revenus les plus modestes, services que les dirigeants de La Poste trouvent «le moins rentables».
Et puis, quand les profits seront devenus intéressants pour d'éventuels futurs actionnaires privés, le temps sera sans doute venu, comme ce fut le cas dans les autres postes européennes, de brader les activités les plus juteuses pour les offrir à quelques grands groupes ou capitalistes privés. Voilà pourquoi il n'y a aucune raison d'accepter sans réagir cette évolution néfaste pour tous.