Changer la vie, oui. Mais comment?07/06/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/06/une1975.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Changer la vie, oui. Mais comment?

C'est l'histoire d'un patron, celui du groupe français Vinci, numéro Un mondial de BTP, qui ne touchait qu'un salaire annuel de 4,3 millions (environ 300 fois le SMIC), mais qui s'était fait attribuer un «bonus de départ «de 13 millions, une retraite à vie à 50% de son salaire, soit plus de 2 millions par an, et qui avait touché des stock-options (des titres de Vinci) qui lui avaient permis de se constituer un patrimoine de 250 millions d'euros. Sans compter les avantages en nature comme la mise à disposition d'un «pied à terre parisien».

Mais voilà, les patrons sont toujours avides d'améliorer leur ordinaire, et celui-là revendiquait en plus une prime de 8millions d'euros -«une goutte d'eau qui a fait déborder le vase» nous a dit la presse- pour avoir mené à bien l'acquisition par sa société des Autoroutes du Sud de la France, une opération qui a quasiment doublé la taille de Vinci.

Si le patron de Vinci apparaît comme le mieux payé, il n'est cependant pas une exception. Les «salaires» des dirigeants ont augmenté en une décennie dix fois plus vite que ceux de l'ensemble de leurs salariés, reconnaît le journal Le Figaro du 2juin. Et nombre de cas récents ont montré que plus les patrons licenciaient, plus ils s'enrichissaient personnellement, en même temps qu'ils arrondissaient la galette de leurs actionnaires. Oui, les licenciements ça paye... pour certains. C'est pourquoi de la Sogerma à Dim en passant par France Télécom ou l'automobile et ses sous-traitants, on en voit tant de nos jours.

On est loin avec tout ça du SMIC à 1500 euros par mois... pour 2012, avancé par le Parti socialiste dans son programme. Une revendication face à laquelle le patronat fait semblant de grimper aux rideaux, alors même que Villepin reconnaît que par l'augmentation de 3 ou 4% par an actuelle, on y parviendrait de toutes façons à cette date...

Quant au chômage, le gouvernement prétend l'avoir enrayé: en réalité il l'a diminué dans les statistiques à grands coups de radiations de chômeurs, pour un oui ou un non, lesquels restent bien dans leur condition mais sans les maigres ressources qui leur étaient jusque-là attribuées. Ce n'est certes pas au rythme des licenciements actuels qu'il pourrait régresser. Ce chômage-là arrange trop les patrons, dont les bénéfices n'ont jamais été aussi élevés, car il leur permet de faire une pression sur tous les salaires et d'imposer toujours plus de précarité.

Pas étonnant que la vie des travailleurs dans ces conditions soit de plus en plus difficile, en particulier dans les cités où les possibilités pour les jeunes d'accéder à un travail, même quand ils ont des diplômes, sont de plus en plus réduites. Encore davantage quand ils ont un nom à certaine consonance ou qu'ils paraissent un peu bronzés. Et quand en plus ils sont provoqués par la politique d'un Sarkozy ou d'un Villepin courant derrière un Le Pen, exaspérés par les interventions policières, leurs parents compris, comme à Montfermeil, tout est rassemblé pour pourrir la vie des uns comme des autres.

Oui il est absolument nécessaire pour les travailleurs de se sortir de cette situation. Mais nous n'y parviendrons sûrement pas en faisant confiance à ceux qui prétendent qu'il faut plus de répression ou même plus d'éducation -encore que cette dernière ne nuise pas- mais par un véritable recul du chômage et de la pauvreté.

Ce n'est pas ce que nous proposent ni les Sarkozy ou Villepin, ni les Ségolène Royal ou autres «éléphants» socialistes candidats à la candidature pour les présidentielles. Les uns comme les autres tiennent des discours «sécuritaires» et chacun avec leurs nuances courent après LePen et sa démagogie en se plaçant sur son terrain. Comme si la principale insécurité pour les travailleurs aujourd'hui n'était pas celle de l'emploi, comme si l'appauvrissement de toute la classe ouvrière de ces dernières années n'était pas le produit du chômage et de la politique du patronat et des différents gouvernements, droite ou gauche, qui se sont succédés.

Ne tombons pas dans leur panneau, celui des prochaines élections. Notre sort dépendra de nos luttes et sûrement pas de l'alternance gauche droite, en admettant même qu'elle ait lieu en 2007.

Éditorial des bulletins d'entreprise l'Étincelle publiés par la Fraction du 4 juin 2006

Convergences Révolutionnaires n° 45 (mai-juin 2006)

Bimestriel publié par la Fraction Numéro spécial sur le mouvement anti-CPE

Dossier: Trois mois sous la pression de la jeunesse: premier recul du gouvernement: le CPE enterré... restent le CNE et la précarité.

Articles: En Belgique aussi: la précarité... et des patrons aidés - USA: des millions de travailleurs immigrés dans la rue - Israël: le triomphe du nationalisme et du racisme anti-arabe? - Brésil: une tribune du PSTU.

Pour se procurer ce numéro, 1,5 euro, ou s'abonner (1 an: 9 euros; de soutien: 15 euros) écrire à:LO, pour la Fraction, BP 233-75865 Paris Cedex 18ou Les Amis de Convergences, BP 128-75921 Paris Cedex 19

Sur le Net: http://www.convergencesrevolutionnaires.org

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