Catastrophe ferroviaire de Zoufftgen : L’Europe fait circuler les capitaux plus facilement que les trains18/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1994.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Catastrophe ferroviaire de Zoufftgen : L’Europe fait circuler les capitaux plus facilement que les trains

La catastrophe ferroviaire survenue le 11 octobre à Zoufftgen, à la frontière de la France et du Luxembourg, a fait 6 morts et 16 blessés, dont deux graves. Un train de fret venant de France et un train de voyageurs venant de Luxembourg se sont télescopés. Ils circulaient sur la même voie, du fait des travaux de renouvellement du ballast en cours.

Depuis dimanche 15 octobre, un coupable est désigné: un employé des CFL (Chemins de Fer Luxembourgeois) âgé de 36 ans, employé depuis douze ans. Il aurait autorisé par écrit le train de voyageurs à rouler sur la voie unique alors que le train de marchandises était déjà engagé. «L'erreur était humaine», concluent la presse et les autorités.

Mais les syndicats de cheminots trouvent l'explication un peu courte. Ce n'est pas la première fois qu'ils dénoncent les problèmes de circulation aux frontières: les systèmes, les procédures ne sont pas les mêmes dans les différents pays, à l'intérieur de cette Europe qui a pourtant su créer une monnaie unique, mais pas une circulation unique pour ses trains.

Pourquoi l'employé des CFL a-t-il donné cet ordre? Pourquoi cela a-t-il même été possible? Quand il s'est rendu compte de son erreur, il n'avait plus les moyens de couper le courant, du fait des frontières, et il n'a pas pu joindre non plus le conducteur du train. Les cheminots réclament de nouvelles garanties de sécurité et comptent déposer un avis de danger grave imminent avant la reprise de la circulation ferroviaire. La CGT ne désire pas reprendre le trafic dans les conditions qui existaient avant l'accident, où la régulation repose sur une seule personne, et réclame le doublement du poste.

Elle réclame aussi que les travaux qui imposent la circulation sur une voie unique soient suspendus aux heures de pointe. En effet la circulation des trains est très dense entre Metz et Luxembourg, du fait des très nombreux frontaliers lorrains qui vont travailler tous les jours au Grand-Duché. La sécurité demande bien sûr des moyens et les syndicats dénoncent les risques calculés que la direction fait prendre aux cheminots et à la population.

Le ministre luxembourgeois des Transports a déclaré qu'il a «conscience des difficultés auxquelles les réseaux ferroviaires doivent faire face: difficile interopérabilité, donc par exemple systèmes de sécurité différents» et il a ajouté: «Je vois la pression pour libéraliser, je conçois la saturation parfois sur le réseau...» Ces difficultés ne tombent pas du ciel. Elles sont la conséquence des choix faits pour la recherche de la rentabilité à tout prix.

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