23 patients traités par radiothérapie au Centre Hospitalier d'Épinal ont été victimes d'une irradiation excessive lors de séances destinées à soigner leur cancer de la prostate.

Cet excès de rayonnement a provoqué la mort d'un de ces malades. Chez cinq d'entre eux, on a dû créer un anus artificiel, huit souffrent d'une inflammation du rectum, six vont apparemment bien. Trois autres décès sont survenus, dont on ne sait encore s'ils ont un lien direct avec l'accident.

Les faits se sont produits entre mai 2004 et mai 2005. Ils viennent seulement d'être révélés par l'Agence Régionale d'Hospitalisation qui explique, aujourd'hui, souhaiter la transparence. Mais le fait que plusieurs familles de victimes aient refusé l'indemnisation que propose l'hôpital n'est sans doute pas pour rien dans cette annonce. Deux familles viennent d'ailleurs de porter plainte.

Selon le directeur de l'ARH, invité en direct sur le plateau de France 3 Lorraine, «certains personnels ont commis une erreur. Le personnel a été formé, la majorité a bien intégré la formation mais une partie n'a pas bien intégré la formation.» Bref, c'est la faute du personnel!

Sauf que tout le personnel n'a pas suivi une vraie formation: celle-ci a été dispensée à une partie du service, à charge pour elle de former les autres, avec toutes les déperditions que cela comporte. Certes, c'est fréquent, dans les hôpitaux comme ailleurs, mais c'est aberrant. Cela souligne l'irresponsabilité du chef de service, comme de la direction de l'hôpital. D'autant que, selon un radiologue interrogé par France 3, il suffisait de deux clics de souris pour faire la mauvaise manipulation qui a provoqué l'accident! De plus, le logiciel de pilotage non seulement n'était pas très convivial, mais en plus il était en anglais, source d'erreur incontestable. Comme si la firme qui l'a installé, Varian, n'avait pas les moyens de traduire les logiciels qui pilotent ses matériels!

Varian se présente comme le premier fournisseur au monde de systèmes de traitement de cancer par radiothérapie et affiche un bénéfice net pour 2005 de 207 millions de dollars, avec un joli taux de profit: le bénéfice est de 22% de son chiffre d'affaires et, bien sûr, tout cela est en hausse d'une année sur l'autre.

Les malades d'Épinal n'ont pas été victimes seulement d'une erreur humaine ou d'un manque de formation. Ils sont morts de l'irresponsabilité du fournisseur -dont personne ne parle dans cette affaire- et des autorités compétentes qui n'ont pas fait le nécessaire pour que tout le personnel soit formé et ait assimilé la formation. Il est trop facile de l'accuser ensuite de n'avoir pas bien compris.

Tout le monde comprend très bien, par contre, que l'ARH et la direction de l'hôpital se défaussent sur lui de leur incurie.