Épuisé physiquement et moralement par le manque d'effectif permanent qui entraîne une dégradation de la qualité des soins et des conditions de travail, le personnel de la maison de retraite de Châteauneuf-la-Forêt en Haute-Vienne s'est réuni en assemblée générale le 28 septembre à l'appel du syndicat CGT. Sur 72 agents, 43 étaient présents. Une réunion publique était décidée pour le 10 octobre avec invitation par tracts sur le marché, à l'école, au supermarché et devant la cartonnerie du bourg, en direction des familles et de la population.

Un peu plus de 80 personnes y ont assisté dans la salle de la mairie, dont quelques familles, des élus locaux (le maire, une conseillère régionale PC, un conseiller général du canton voisin) et beaucoup d'agents.

Le personnel a expliqué qu'il y a 133 résidents dans cette maison de retraite, qu'il faut faire une toilette en dix minutes (temps de lever et d'habillage compris), faire manger un patient en huit minutes. Le ménage des chambres n'est assuré que deux fois, voire une seule fois par semaine. Il y a seulement deux agents la nuit.

Et ce n'est pas mieux dans les bureaux, à la lingerie ou à la cuisine qui, prévue pour 200 repas, en assure 400 deux fois par semaine. «On va tous finir sous antidépresseurs», a conclu un jeune.

Le directeur reconnaît que, selon le calcul officiel, il manque 27 à 30 agents, mais il n'en demande que 10 pour 2007.

Les agents ont décidé de se rendre nombreux au conseil d'administration du 17 octobre, en invitant les familles à venir les soutenir.

Une délégation de quatre agents a été reçue au Conseil général le 13 octobre. Là, la réponse a été: «Oui... mais... plus de personnel ferait augmenter le prix de journée à la charge des résidents et de leurs familles, c'est compliqué...» En fait, c'est au contraire déjà trop simple: le forfait hébergement est à la charge des personnes âgées ou/et de leur famille dans toutes les maisons de retraite. À Châteauneuf, il est de 40 euros par jour.

Il est intolérable que la perte d'autonomie liée à la vieillesse ne soit pas prise intégralement en charge par l'assurance-maladie, et il est tout aussi intolérable qu'on puisse utiliser ce système comme chantage sur le personnel. Mais à Châteauneuf, les agents n'ont pas l'intention de s'en laisser conter!