François Pinault qui, a-t-on dit, se déclarerait prêt à mettre 18 milliards d'euros sur la table pour racheter le pôle environnement de Suez (eau et déchets), est connu pour son amitié avec Jacques Chirac.

Ainsi, en 1995, Pinault avait été l'un des seuls grands patrons à soutenir Chirac contre Balladur. Chirac fut élu, et n'oublia pas le service rendu. Lorsque Pinault se trouva empêtré face à la justice américaine dans l'affaire Executive Life, dans laquelle étaient impliqués le Crédit Lyonnais et ses dirigeants, le président vola à son secours. L'État français signa un compromis avec les juges californiens et paya 585millions de dollars pour obtenir l'arrêt des poursuites. Pinault, lui, s'en sortit avec une amende de 185millions de dollars, une misère, comparé au milliard de dollars qu'il avait gagné dans cette affaire.

À gauche, Pinault a aussi ses amitiés. Alors que Laurent Fabius était ministre des Finances, il avait pu négocier avec ses services un arrangement fiscal avantageux. Il faut dire que sous les gouvernements précédents il n'avait payé aucun impôt sur le revenu, lui qui était une des premières fortunes de France, et que cela commençait à se savoir.

Ces relations, Pinault a su les tisser au cours de sa carrière, alors qu'il bâtissait sa fortune en rachetant des entreprises en faillite. Une scierie dans la circonscription de Chirac en Corrèze, les papeteries de La Chapelle Darblay dans celle de Laurent Fabius en Seine-Maritime. Il réalisa de somptueux bénéfices en les revendant avantageusement.

Comme on le voit, la perspective de l'alternance politique droite-gauche n'a pas de quoi troubler ce milliardaire.