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Leur société
Un rapport accusateurde Médecins du Monde
À l'occasion de la Journée du refus de la misère, Médecins du Monde a publié un rapport accablant sur l'état de santé catastrophique des plus pauvres. Parmi les 45776 patients accueillis dans les centres de cette association humanitaire en 2005, 22% ne bénéficiaient d'aucune couverture sociale, au lieu de 9% en 2001.
Il s'agit des plus démunis, vivant dans leur quasi-totalité au-dessous du seuil de pauvreté, en grande majorité des étrangers sans titre de séjour ou demandeurs d'asile. Pourtant, toute personne résidant en France de façon stable peut prétendre à la CMU (Couverture médicale universelle) et tout étranger, même en situation irrégulière et sans ressources, depuis plus de trois mois sur le territoire peut bénéficier de l'AME (Aide médicale d'État). Mais le manque d'information, la peur de s'exposer à la répression d'une législation de plus en plus dure envers les sans-papiers et enfin l'obligation de domiciliation, pour des gens sans domicile fixe, sont des obstacles infranchissables pour la plupart de ces malades.
Ils ne consultent donc que rarement, malgré des pathologies sérieuses et chroniques, comme l'hypertension, le diabète, des hépatites ou des troubles psychiatriques, que leur situation précaire a aggravées et qui nécessiteraient un suivi régulier. Or, parmi les patients venus consulter en 2005, plus de la moitié ne sont venus qu'une fois; 40% des enfants de deux ans vus en consultation, contre 84% dans l'ensemble de la population, sont vaccinés contre la tuberculose.
Quant à ceux qui, détenteurs d'une couverture sociale, veulent se faire soigner comme tout le monde, ils ont parfois d'autres obstacles à franchir; selon Médecins du Monde, près de quatre médecins généralistes sur dix refusent les soins pour les bénéficiaires de l'AME, et un sur dix pour les bénéficiaires de la CMU.
«Un pays qui, au XXIe siècle, instaure des régressions socio-sanitaires pour les plus démunis est un pays qui va mal», concluent les auteurs du rapport. Sans aucun doute, et le portrait qu'ils en font montre à quel point cette société est malade de son mépris pour les pauvres.