«Crise» dans l’automobile? Pour cacher les profits07/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2001.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

«Crise» dans l’automobile? Pour cacher les profits

Les patrons de l'automobile viennent d'annoncer que la vente de voitures neuves en France a chuté de 8% en novembre 2006 par rapport à novembre 2005. Et si les chiffres du groupe PSA ont, eux, augmenté (en particulier grâce à la marque Citroën), ceux de Renault affichent une baisse de 33%, comparés à ceux de novembre 2005. Cette annonce paraît tomber à pic pour justifier, de la part des constructeurs, la politique de flexibilité croissante qu'ils tentent d'imposer aux travailleurs et une intensification de la pression sur les sous-traitants et les entreprises d'équipements.

La variation des ventes n'est cependant pas surprenante dans un secteur comme l'automobile, où le marché est cyclique. D'autre part, chez Renault même, on laisse entendre que le résultat ponctuel de novembre serait lié à l'épuisement de deux modèles déjà anciens et pourtant encore chers, la Twingo et la Laguna. La comparaison serait également faussée par le fait que novembre 2005 correspondait au lancement de la dernière Clio, avec effet de nouveauté, et que les ventes annoncées pour la Logan le même mois correspondaient à trois mois cumulés.

Mais surtout, la santé des profits du groupe Renault n'est pas le moins du monde menacée. Le nombre de véhicules qu'il vend dans le monde continue d'augmenter régulièrement, précisément de 1,7% l'année dernière. Les bénéfices du groupe se portent bien également, les 3,4 milliards d'euros annoncés en 2005 le prouvent, non démentis par les chiffres du premier semestre 2006.

Aucun souci non plus pour les entreprises de sous-traitance, auxquelles Villepin, reçu dans les locaux de Valeo, vient de promettre un cadeau de 400 millions en subventions, crédits d'impôts et exonérations. PSA et Valeo, par exemple, seront subventionnés par l'Agence de l'innovation industrielle pour leurs nouveautés de moteurs hybrides ou supposés moins polluants.

Pour les gros actionnaires enfin, l'horizon est serein: si les dividendes n'ont augmenté «que» de 33% l'année dernière -ce dont ils se félicitent probablement déjà-, le PDG Ghosn leur promet dans son «Plan 2009» un bond de 250%.

C'est bien pour satisfaire ces derniers que les patrons de l'automobile intensifient leur politique de rentabilité à tout prix. Si les deux usines d'Espagne, à Valladolid et Palencia, ne tournent plus que sur une seule équipe pendant dix-huit mois, c'est ponctuellement la mévente de la Mégane et de la Modus qui est invoquée. Mais d'autres prétextes président aux annonces de journées non travaillées en cascade dans les différentes usines Renault.

Cet ensemble d'arguments patronaux n'a aucune valeur. Ils ne servent qu'à annoncer licenciements de travailleurs de la sous-traitance ou d'intérimaires, et accroissement de l'exploitation.

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