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Leur société
Le traité de non-prolifération nucléaire : Un instrument au service des grandes puissances
Après plusieurs mois de négociations entre les puissances occidentales, la Russie et la Chine, le Conseil de sécurité des Nations unies a finalement adopté, samedi 23 décembre, une résolution condamnant le programme nucléaire et balistique de l'Iran.
Aussitôt qualifiée «d'illégale» par l'Iran, cette résolution 1737 de l'ONU prévoit une série de sanctions économiques et commerciales contre ce pays. Notamment le gel des avoirs et ressources de l'Iran à l'étranger qui auraient des liens avec «les programmes nucléaires et de missiles balistiques» iraniens. En outre, les États membres de l'ONU sont tenus d'«empêcher l'enseignement et la formation spécialisée des ressortissants iraniens, sur leur territoire ou par leurs citoyens, dans des matières qui pourraient contribuer aux programmes nucléaires sensibles ou de missiles balistiques de l'Iran». Tout cela en vertu de ce que l'on appelle le traité de non-prolifération nucléaire.
Que dit donc ce traité?
Signé le 1er janvier 1968 et entré en application en 1970, il reconnaît aux seules cinq puissances qui en disposaient officiellement avant 1967 le droit d'avoir la bombe: les USA, l'URSS, la Grande-Bretagne, la France et la Chine. Les autres signataires y renoncent mais le traité leur reconnaît «le droit inaliénable de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques».
Dans les faits, le traité justifie le monopole nucléaire des «cinq» et leur permet de contrôler ce que font les autres signataires dans le domaine du nucléaire militaire, mais aussi civil. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si, en 1970, des pays comme l'Allemagne, le Japon ou l'Italie ont refusé de signer et de se lier les mains. Mais sous la pression politique des «cinq» et surtout des USA, les 43 signataires de 1968 sont passés à une centaine en 1979 et à 188 aujourd'hui. Des pays comme l'Argentine ou le Brésil ont renoncé à leur programme militaire nucléaire et adhéré au traité en 1995 et 1998. L'Afrique du Sud a signé en 1991 après la fin de l'apartheid et dit avoir renoncé à son arsenal. L'Ukraine en a fait autant et aurait détruit les ogives héritées de l'ex-URSS. La Libye et Cuba, qui n'ont pas la bombe, ont signé en 2003 et 2002.
Les experts de l'AEIA (Agence internationale de l'énergie atomique), un organisme de l'ONU chargé de contrôler l'application du traité, vérifient que les pays signataires n'utilisent pas leurs centrales nucléaires civiles, quand ils en ont, à des fins militaires. Ces contrôles, très souples pour certains pays, sont au contraire très contraignants pour d'autres, selon leur degré d'allégeance envers l'impérialisme en particulier américain.
Ainsi l'Irak de Saddam Hussein et plus récemment la Corée du Nord ont été mis en accusation. Aujourd'hui c'est l'Iran et son régime islamiste qui sont accusés de refuser les contrôles parce qu'ils développeraient clandestinement leur bombe. Les experts de l'AIEA n'étant pas accueillis à bras ouverts à Téhéran, le pays se serait donc mis de fait hors du traité.
À l'inverse, des alliés de longue date des USA, comme Israël ou l'Inde ou plus récents comme le Pakistan, ne se sont jamais attiré les foudres de Washington quand ils ont fabriqué la bombe, sous prétexte qu'étant non-signataires du traité - ce sont les trois seuls pays au monde - on ne pouvait rien leur reprocher...
Le traité de non-prolifération n'est en rien une garantie pour la sécurité du monde. Il ne sert qu'à rappeler aux autres pays que les grandes puissances veulent conserver leur monopole militaire, qu'ils ont les moyens de leur interdire d'avoir la bombe et que l'accès à l'énergie nucléaire civile dépend de leur bon vouloir.