Voilà qu'un des problèmes majeurs pour le financement de la retraite, et aussi celui du chômage et de l'Unedic, viendrait, d'une part, des quelque 600000 salariés de plus de 50 ans inscrits comme demandeurs d'emploi et, d'autre part, des 400000 personnes relevant de l'Unedic qui seraient dispensées de recherche d'emploi. C'est ce qu'ont pointé, en plus du rapport du Conseil d'orientation des retraites, la présidente de la Caisse nationale d'assurance vieillesse puis la présidente de l'Unedic, responsables respectives de la CFE-CGC et de la CFDT.

Et tous ces gens-là de reprendre ce que Villepin et son gouvernement avaient lancé dernièrement: «Il faut remettre les seniors au travail», et donc mettre fin aux préretraites et à toutes les protections qui «encourageraient» ces travailleurs à rester «sans activité» à l'approche de l'âge de la retraite.

Mais s'il y a tant de travailleurs de plus de 50 et 55 ans au chômage, privés d'emploi, c'est qu'ils font partie de la grande cohorte des travailleurs licenciés par les patrons en vue d'accroître leurs profits. Prétendre s'attaquer au problème du sous-emploi des seniors sans s'attaquer à la liberté des employeurs de licencier à leur guise, c'est une escroquerie. Car ce ne sont pas seulement 1000000 de seniors qui sont sans travail, mais bien plus de quatre millions de chômeurs directs ou indirects dans le pays. Et faire des préretraités en puissance des chômeurs -car on ne voit pas comment, dans les conditions actuelles, ils pourraient trouver un emploi s'ils sont licenciés- n'en ferait pas des seniors en activité!

Mais cela, tout ce beau monde le sait. En réalité cette campagne sur le travail des seniors a un seul but: préparer les esprits au report de l'âge à la retraite à 61, 62 voire 65 ans. Ce ne sont pas les seniors sans travail l'enjeu, ce sont tous les travailleurs qui approchent de l'âge de la retraite et qui aspirent légitimement à avoir un repos bien mérité après toute une vie au travail.

Quant aux petites protections qui s'appliquent aux chômeurs de plus de 55 ans, ce serait une indignité totale de les remettre en cause. La dispense de recherche d'emploi des travailleurs de plus 55ans touche pour une bonne part ceux qui doivent survivre avec l'Allocation de solidarité spécifique. Et la fin des préretraite FNE serait un véritable drame dans la situation actuelle, elle jetterait dans la misère ceux qui pouvaient en bénéficier, sans diminuer le nombre des licenciements.

Les intérêts de tous les travailleurs jeunes et plus anciens, privés d'emploi ou en activité, sont totalement liés. C'est par une lutte commune que tous pourront vraiment sortir de la dramatique situation actuelle.