Le conseil de prud'hommes de Laval vient de condamner la société concessionnaire d'autoroutes Cofiroute pour abus de CDD. Un salarié avait signé 81 CDD en deux ans, deux autres en avaient signé 99 et 119 en trois ans et une quatrième... 140 en quatre ans. Les employés, souvent appelés du jour au lendemain, servaient à remplacer les titulaires et à faire face à l'augmentation de travail pendant les périodes chargées des départs en vacances. C'est ce que Cofiroute appelle les «difficultés de tout employeur à forte saisonnalité»!

Le tribunal l'a condamné à verser de 16000 à 45000 euros aux quatre salariés et à rembourser aux Assedic, à hauteur de six mois, les sommes touchées par les employés quand ils étaient au chômage. Cofiroute avait déjà été condamné en juin 2005 pour abus de CDD et, à la suite du jugement de Laval, neuf autres salariés ont décidé de porter plainte à leur tour. D'après la CFTC, près de deux cents employés seraient concernés par ces CDD à répétition sur le réseau Cofiroute, de Paris à Bourges.

Ces pratiques sont courantes aux péages, puisque ASF (Autoroutes du Sud de la France), le plus important concessionnaire d'autoroutes du pays, qui appartient, comme Cofiroute, au groupe Vinci depuis la privatisation de 2005, a également été condamné en février 2006 pour avoir employé un salarié pendant deux ans avec 56 CDD. Mais d'autres grandes entreprises de ce pays ont recours aux mêmes méthodes, comme La Poste, qui a été condamnée, pour avoir employé une salariée pendant 19 ans avec... 574 CDD, à lui verser 60000 euros.

Au moment où Sarkozy et Parisot annoncent leur intention de remettre en cause les CDI, il est heureux que ces pratiques soient dénoncées et condamnées.