Ségolène Royal apte à diriger...au service de qui ?22/02/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/02/une2012.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ségolène Royal apte à diriger...au service de qui ?

L'un des objectifs de la prestation de Ségolène Royal sur TF1, le 19 février, a été de démontrer sa capacité à gouverner, son principal rival Sarkozy cherchant à faire peser sur elle le soupçon d'incompétence, en tout cas d'inexpérience. Elle a donc fait étalage de ses états de service, rappelant qu'elle a été trois fois ministre, qu'elle avait été une des proches de Mitterrand jusqu'en 1987, avant d'être élue députée et présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes.

Et en effet Ségolène Royal a certainement les qualités pour devenir présidente de la République, tout comme Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac, François Mitterrand, Fabius, Strauss-Kahn et d'autres ; tout comme des Bush, Berlusconi, Merkel ou Blair à l'étranger ont eu les qualités pour devenir chefs d'État ou de gouvernement. D'autant que Royal, comme les autres, dispose des services d'un appareil politique rodé à " la chose publique " comme on dit, au sein du PS, et de ceux de hauts fonctionnaires et de toute une administration qui, elle, n'est pas soumise aux aléas d'une élection.

L'essentiel n'est donc pas là. Être capable d'assumer la fonction présidentielle, sans doute, reste à savoir pour quelle politique, au service de quels intérêts ? Royal et Sarkozy, tout comme le troisième larron Bayrou, répondent à l'unisson que c'est " pour servir la France ". Mais la question est de savoir quel camp ils serviraient : celui des possédants et des capitalistes, ou celui des travailleurs et des classes populaires ? Le choix de Sarkozy est sans équivoque, celui de sa rivale socialiste ne l'est guère moins. Elle a tenu lors de son intervention télévisée à insister, tout comme elle l'avait fait la semaine précédente dans son discours de Villepinte, sur l'importance de la relance économique, clef de voûte de toute son argumentation.

Mais cette relance dépend des choix des patrons, et uniquement d'eux. Ségolène Royal les veut innovants, vertueux. Elle promet même de les aider à le devenir en subventionnant les plus méritants. Mais en quoi cela ferait-il de ces patrons petits, moyens et grands, des créateurs d'emplois et des distributeurs de bons salaires pour ceux qui ne sont pas au chômage ? La candidate socialiste se garde de le dire, et pour cause. Sa prétendue nouvelle façon de faire de la politique est une façon d'habiller avec des mots nouveaux -et encore- des vieilles recettes.

Pour préciser les choses, dans un discours tenu à Rennes au lendemain de sa prestation télévisée, elle s'est fortement revendiquée de la " rigueur " économique, se référant à Jacques Delors et à Pierre Mendès-France, deux hommes politiques qui n'ont pas laissé l'image d'une politique nettement de gauche. Elle aurait pu aussi bien se référer à Pierre Mauroy, l'un de ses soutiens actuels qui fut le Premier ministre de Mitterrand de 1981 à 1984 et qui, en mars 1983, instaura un plan de rigueur qui méritait largement ce qualificatif. Jacques Delors était d'ailleurs son ministre des Finances. Ce plan instaurait le blocage des salaires, avec comme corollaire la suppression de toutes les clauses qui prévoyaient une indexation des salaires sur l'évolution des prix, une hausse des taxes sur la vignette auto, sur l'essence, la hausse des tarifs du gaz, d'électricité, de la SNCF, celle du forfait hospitalier, etc.

Voilà la perspective que nous propose Royal, en le disant quasi ouvertement. " La rigueur n'est pas contraire avec le socialisme, mais sa prémisse " a-t-elle précisé. Mais ce socialisme-là est le contraire de ce que les travailleurs et les classes populaires sont en droit d'attendre pour que leur situation change.

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