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- Lutte ouvrière n°2028
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Il y a 25 ans : Le gouvernement PS-PCF décidait le blocage des salaires
Le 13 juin 1982, alors que le socialiste Mauroy était, sous la présidence de Mitterrand élu un an auparavant, Premier ministre d'un gouvernement où siégeaient entre autres quatre ministres du PCF, il annonça le blocage des salaires. C'était, disait-il, pour une durée de quatre mois. Il attaquait ainsi de front le pouvoir d'achat des travailleurs, à un moment où l'indice officiel des prix lui-même affichait une hausse annuelle supérieure à 13 %.
" Les hausses nominales excessives de revenus et de salaires entretiennent l'inflation et privent notre économie des moyens de créer des emplois. Le gouvernement est décidé à agir pour modérer davantage l'évolution des salaires ", déclara Mauroy le 20 mai 1982, devant les militants d'entreprise du Parti Socialiste. Il reprenait à son compte un argument de la droite alors que, dans ses discours, la gauche expliquait jusqu'alors qu'une augmentation du pouvoir d'achat permettrait une relance de la consommation, donc de l'économie.
En principe, ce blocage des salaires devait s'accompagner d'un blocage des prix, illusoire car les patrons ne tardèrent pas à obtenir des dérogations et la valse des étiquettes n'allait pas cesser. Le gouvernement lui-même donna l'exemple en augmentant par deux fois le prix des produits pétroliers durant le prétendu blocage des prix. Mais les augmentations de salaires prévues jusqu'au 31 octobre 1982 furent annulées, ce qui laissait le temps aux prix de galoper. Seul le smic fut épargné par le blocage total, mais sa revalorisation revue à la baisse.
En bloquant les salaires, la gauche avait pris une mesure que même le gouvernement de droite de Barre, en place avant 1981, n'avait pas osé prendre, tout en menant déjà une politique d'austérité. Ne voulant pas parler lui aussi d'austérité, le gouvernement Mauroy parla de " rigueur ". En septembre, le ministre PCF de la Fonction publique annonça une limitation de l'augmentation du salaire des fonctionnaires, qui entraînait une baisse de leur pouvoir d'achat de 1,6 %.
Alors que l'on voyait les représentants des patrons petits et grands, des médecins et d'autres catégories des classes moyennes, hostiles au gouvernement, défendre leurs intérêts dans la rue avec succès, les syndicats n'organisèrent aucune protestation contre le blocage des salaires. Krasucki, dirigeant de la CGT et membre de la direction du PCF, déclara " encourager " les travailleurs à " hausser le ton ", mais il n'y eut pas même une journée d'action. Le PCF mena des mini-campagnes sur... la nécessité d'aider au blocage des prix, mais se tut sur les salaires. Le PCF appuyait ainsi le gouvernement dont il faisait toujours partie en mars 1983, lorsque celui-ci annonça un nouveau plan d'austérité.
En attaquant ainsi les salaires, le gouvernement PS-PCF contribuait à mécontenter les travailleurs qui lui avaient fait confiance, mais aussi à désorienter son électorat populaire et en particulier la base militante du PCF. Celui-ci allait payer cher le soutien donné à cette mesure comme prix de ses quatre pauvres strapontins gouvernementaux.