Les travailleurs de Renault-Douai ont été convoqués individuellement par la maîtrise jusqu'au départ en congés. La direction cherche pour septembre 300 volontaires (sur 6 000 travailleurs) pour, soit des mutations dans d'autres ateliers de l'usine, soit des mutations externes dans d'autres usines du groupe, le plus souvent à MCA Maubeuge (à 70 km) ou à la STA à Ruitz (40 km).

Il paraît que nous sommes " trop nombreux ". On devrait donc pouvoir travailler plus lentement... et se fatiguer moins ! Mais ce n'est pas comme ça que ça marche pour la direction. Elle dispose d'accords-maison qui lui permettent de fermer carrément l'usine plusieurs jours et de mettre ces journées sur des " compteurs ". Ensuite, elle demande aux ouvriers de les " rattraper ", en quelque sorte de rembourser la direction. Et quand l'usine travaille, bien sûr, les cadences de production sont maintenues au niveau le plus élevé.

Pour faire accepter les mutations, la maîtrise s'appuie sur les accords de flexibilité. Les plus jeunes en particulier n'ont pas d'autre moyen de rattraper les journées dues. Depuis qu'ils sont embauchés, certains " doivent " déjà trente jours à la direction, et comme celle-ci annonce d'autres journées chômées à venir, il faudrait qu'ils travaillent de nombreux samedis pour rattraper !

Il y a ensuite l'argent, car même si la mutation ne rapporte pas grand-chose (600 euros de plus par mois pour Maubeuge, 10 euros par jour pour Ruitz), les salaires sont si bas que la direction trouve finalement peu à peu ses " volontaires ".

Pourtant, ceux qui partiront travailler à MCA Maubeuge n'auront pas la vie facile : il faudra faire deux heures de trajet, et la même chose le soir dans l'autre sens, après 8 heures de boulot ! Le tout pour 600 euros de plus par mois... Et combien de fatigue en plus ?