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Tribune de la minorité
La lutte aux côtés des sans-papiers, un combat de la classe ouvrière !
Jeudi dernier à Amiens, Ivan, 12 ans, est tombé du quatrième étage alors qu'il tentait de suivre son père pour fuir la police par les balcons de leur immeuble. Arrivés en France en 2004, ses parents qui avaient fui la Tchétchénie ont vu toutes leurs demandes d'asile rejetées. Depuis la famille vivait traquée, sous la menace d'être expulsée vers un pays où leur vie est en danger. Aussi quand les policiers ont commencé à forcer la porte de leur appartement jeudi aux aurores, la panique s'est emparée d'eux. Ivan est maintenant dans le coma. Devant l'indignation des voisins témoins de ce malheur et d'une bonne partie de l'opinion publique, le gouvernement a voulu s'en laver les mains, à sa manière.
La réaction de Brice Hortefeux, « ministre de l'immigration, de l'intégration et de l'identité nationale », a de quoi faire vomir : il a demandé au préfet de la Somme d'accorder aux parents d'Ivan une autorisation provisoire de séjour de six mois. À « titre humanitaire », a-t-il jugé bon de préciser ! Les parents pourront ainsi rester au chevet de leur enfant à l'hôpital, victime de la terreur policière... et être expulsés en famille à l'issue de ce délai !
Quant au Premier ministre Fillon, il a déclaré immédiatement après l'accident que « la politique pilotée par Hortefeux nécessitait une fermeté et un engagement fort de tous les agents de l'État ». Un appel à l'obéissance du fonctionnaire qui rappelle d'autres temps. Personne ne peut dire des responsables de cette politique qu'ils sont des salopards sans risquer des poursuites, c'est pourquoi on ne le dira pas. Mais peut-on empêcher de nombreuses personnes, « à titre humanitaire », de le penser ? Et que dire de cette société où la minorité qui croule sous la richesse, se déplace d'un bout à l'autre de la planète à son gré et n'a besoin d'aucune autorisation pour faire circuler ses capitaux, alors qu'on pousse à la mort des pauvres gens ayant tenté dans les pires difficultés d'échapper à la misère ?
Faire régner la terreur parmi les sans-papiers est en effet une des priorités affichées par le gouvernement cet été. Selon le Réseau Education Sans Frontière, les expulsions ont continué de plus belle. La chasse à l'enfant et aux familles, qui avait été dénoncée dans de nombreuses écoles, n'a pas connu de répit, bien au contraire. Une fois les écoles fermées et les militants quelque peu dispersés, sans doute le gouvernement espérait-il augmenter son rendement pendant les vacances. Vendredi dernier à Lyon, François, 18 ans et deux mois, a été condamné à être expulsé vers le Cameroun. Il venait tout juste d'atteindre l'âge légal... Des violences graves ont été dénoncées lors de l'embarquement de deux Algériens le 2 et le 3 août. Le chiffre des expulsions effectivement réalisées est difficile à connaître, mais il ne dit pas tout. Il y a aussi les milliers de familles, comme celle d'Ivan, qui vivent tous les jours dans la peur et subissent un véritable harcèlement de la part des autorités policières. Hortefeux a annoncé qu'il avait prévu 25 000 reconductions à la frontière pour l'année 2007 et chaque département a reçu des objectifs chiffrés. Et comme les citoyens roumains font désormais partie de l'Union européenne, il faut se rattraper sur les autres nationalités. Les policiers doivent donc faire du chiffre, et une circulaire préfectorale diffusée début juillet recommande les arrestations à domicile.
Sarkozy tient à continuer avec ostentation sa politique démagogique contre les immigrés. Pour plaire à la droite et aux réactionnaires qui pourraient ne pas avoir compris, ou ne pas avoir apprécié, sa politique « d'ouverture » à de soi-disant hommes de gauche. Pour diviser les travailleurs qui ont déjà pu enregistrer que la politique de ce gouvernement consiste pour l'essentiel à taper encore, et toujours davantage sur les salariés pour remplir un peu plus la poche des riches. En traitant les sans-papiers comme des criminels il espère ainsi détourner le mécontentement. Le Pen a fait savoir qu'il était satisfait de la politique de Sarkozy, ce n'est pas pour rien.
Cette démagogie fait partie de l'éventail de la politique de Sarkozy. Quand on voit le cynisme qu'Hortefeux a tenu à afficher face à ce drame, aucun doute n'est permis sur la volonté du pouvoir de continuer au même rythme et avec les mêmes méthodes après l'été. L'arrêt de la chasse aux sans-papiers et la régularisation de tous devra figurer au même titre que les hausses de salaires et l'interdiction des licenciements dans les objectifs de lutte de l'ensemble du monde du travail, car elle est partie intégrante de l'offensive générale menée par le pouvoir et les possédants contre tous les travailleurs.
Lydie GRIMAL
Convergences Révolutionnaires n° 52 (juillet-août 2007) Bimestriel publié par la Fraction
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