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Dans les entreprises
Airbus - Toulouse : Au pays des ripoux.
L'Autorité des marchés financiers a transmis à la justice un dossier concernant " un délit d'initié massif commis entre novembre 2005 et mars 2006 " à EADS. Mille deux cents cadres se sont ainsi fait épingler. Parmi eux, vingt et un hauts dirigeants, dont Forgeard, Jean-Paul Gut, l'ex-directeur général d'EADS, Gustav Humbert, l'ex-PDG d'Airbus, Ralph Crosby, le directeur d'EADS Amérique du Nord, Jussi Itavuori, le directeur des RH d'EADS, Tom Enders, l'actuel patron d'Airbus, etc. Ils ont revendu leurs stock-options en novembre 2005 et mars 2006, peu avant l'annonce du retard de livraison de l'A380. Ce n'est pas un hasard !
Les deux principaux actionnaires privés, le français Lagardère et l'allemand Daimler Chrysler, sont aussi dans le collimateur. En avril 2006, deux mois avant l'annonce des retards de l'A380 et la chute du titre en Bourse, ils se sont débarrassés chacun de 7,5 % des actions EADS. Ils ont ainsi touché un jackpot de plusieurs milliards d'euros. Nettement plus que les 90 millions de plus-value récoltés par les hauts cadres de EADS.
Ministres complices.
Le gouvernement de l'époque est en cause. Thierry Breton, ministre de l'Economie à l'époque, n'était au courant de rien, dit-il. Pourtant, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), groupe financier public, a perdu 200 millions d'euros en rachetant pour 600 millions une partie des actions EADS cédées par le groupe Lagardère. Et l'État, par ailleurs actionnaire d'EADS, ne pouvait pas ignorer cette transaction.
Cette affaire lève un coin du voile sur les relations entre les milieux d'affaires et ceux qui nous gouvernent. Mais il n'y a pas que les gouvernements de droite qui passent les plats à Lagardère. C'est quand même sous un gouvernement de gauche, celui de Jospin-Strauss-Kahn-Gayssot, qu'Aérospatiale avait été bradée à Matra-Lagardère en 1999.
L'affaire Forgeard.
Obligé de démissionner, ce directeur était parti avec un confortable parachute doré. En réalité, à l'époque, on avait livré le sous-fifre mais on avait ignoré les grands patrons que sont les gros actionnaires.
Voilà que tout ce monde est rattrapé par le gendarme de la Bourse. Mais on peut se demander si justice suivra, dans un contexte où Sarkozy veut dépénaliser les délits économiques. De toute façon, pour les travailleurs d'Airbus, comme pour ceux de la sous-traitance, ce ne sont pas vraiment des révélations.
Ces scandales montrent qu'il est de plus en plus nécessaire que les travailleurs exercent un réel contrôle sur tous les comptes de l'entreprise et exigent la levée des secrets bancaire et commercial. On s'apercevrait que le plan Power 8 et ses 10 000 suppressions d'emplois, la vente des sites, etc., vont permettre aux actionnaires de faire encore plus de profits et que les retards de l'A380 ont bon dos !
Car le plan Power 8 continue à se mettre en place : pendant les révélations, les attaques continuent sur les conditions de vie et de travail de dizaines de milliers de salariés.
La semaine dernière, Louis Gallois, l'actuel PDG de EADS, s'est fendu d'une lettre à l'ensemble du personnel. Le groupe traverserait une crise qui, dit-il, " ne porte pas sur les fondamentaux de l'entreprise ". Supprimer 10 000 emplois et permettre aux actionnaires de s'en mettre plein les poches, c'est ça les " fondamentaux " de leur économie ! Il veut surtout que les travailleurs continuent à travailler sans rien dire, sans demander de comptes. Pour que les profits rentrent et que Power 8 soit appliqué.
Comme le disent beaucoup de salariés écoeurés et scandalisés par tout ce cirque : " C'est tout vu : actionnaires et hauts cadres se sont gavés avec le fruit de notre travail. " Eh bien, il faut qu'ils remboursent et qu'ils retirent Power 8 !