1 126 000 salariés en France sont obligés de cumuler deux emplois pour boucler leurs fins de mois : c'est ce qui ressort d'une enquête de l'Insee portant sur l'année 2005, reprise par le journal Le Parisien du lundi 4 février. Cela représente un salarié sur vingt, en ne prenant en compte que les emplois déclarés, ce qui exclut des statistiques tous ceux qui effectuent quelques heures à droite à gauche, au noir, chez des particuliers.

Près des trois quarts d'entre eux sont obligés de le faire parce que leur emploi principal est à temps partiel. Cela touche majoritairement des femmes qui travaillent dans la grande distribution ou les services " d'aide à la personne " (ménage, soins aux malades, etc.), présentés par le gouvernement comme étant des emplois d'avenir ! Mais pas uniquement : un grand nombre des salariés qui cumulent deux emplois ont déjà un travail à temps plein, mais avec un salaire si bas qu'ils ne peuvent pas s'en sortir. Dans ces conditions, la semaine de travail peut aller bien au-delà des 35 heures, et elle est en outre rallongée par des temps de trajet supplémentaires pour aller d'un lieu de travail à un autre, ce qui entraîne un accroissement de la fatigue.

Les salaires stagnent et la pauvreté augmente. C'est cela qui force de plus en plus de salariés à s'user la santé dans des doubles journées de travail - auxquelles s'ajoutent la plupart du temps, pour les femmes, les tâches domestiques - non pas pour vivre mieux, mais simplement pour garder la tête hors de l'eau. On n'en est pas encore au niveau des États-Unis, où la nécessité d'effectuer un double emploi touche au moins 8 millions de personnes déclarées, soit 6 % de la population active, mais la dégradation des conditions de travail, de salaire, et donc de vie, s'accélère.

Il est temps d'imposer aux patrons qu'ils versent des salaires suffisants pour que chacun puisse vivre décemment sans se tuer à la tâche.