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- Lutte ouvrière n°2065
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Leur société
Les prix flambent et le pouvoir d'achat part en fumée. Ça suffit !
Une enquête de la revue 60 millions de consommateurs confirme ce que chaque ménagère a pu constater à ses dépens en faisant ses courses : les prix des biens de consommation courante flambent.
Entre fin novembre 2007 et début janvier 2008, cette enquête constate des augmentations entre 5 et 48 % : + 48 % sur un pack de six litres de lait ; + 44 % sur un paquet de spaghettis et le jambon blanc ; + 40 % sur six yaourts au sucre de canne ; 32 % de plus pour un camembert ; 26 % sur un paquet de beurre ; + 18 % un paquet de riz, etc. Et le reste est à l'avenant ! Il ne s'agit pas de produits de luxe, mais de produits de première nécessité, de marques courantes vendues dans les grandes surfaces.
Contre ces hausses, qui ne datent pas d'hier mais qui se sont multipliées et accélérées ces derniers temps, Fillon a annoncé à grand renfort de presse, radio et télé (élections municipales obligent) une " opération coup de poing ", véritable usine à gaz qui serait montée en trois temps : d'abord, l'identification des auteurs des abus, qu'ils soient industriels ou distributeurs (comme s'il s'agissait d'inconnus agissant dans l'ombre !) ; ensuite, la vérification par l'analyse d'une vingtaine de produits (lesquels ? et qui les choisira ?) que l'évolution réelle des prix est bien celle enregistrée par l'enquête de 60 millions de consommateurs ; enfin, un projet de loi - un de plus - verrait le jour, en vue de " la création d'une autorité de la concurrence aux compétences renforcées, etc. " En fait de coup de poing, c'est plutôt d'un coup d'épingle dans l'eau qu'il s'agit.
En 2004 Sarkozy, alors ministre des Finances du gouvernement Raffarin, avait déjà promis de lutter contre les hausses des prix en s'attaquant aux " marges arrière ", c'est-à-dire aux sommes versées par les industriels aux grands distributeurs, comme Auchan, Carrefour, Intermarché, Leclerc, pour mettre en avant leurs produits et faire des campagnes de promotion. En fait, cette promesse comme bien d'autres avait fait long feu. Aujourd'hui, de nouveau, son gouvernement feint de découvrir ce que tout le monde connaît, à savoir la distorsion considérable entre l'augmentation des prix des matières premières et celle des prix de vente au détail. Fillon qualifie ces hausses " d'abus ". Cela ne lui coûte pas cher, mais ne fait évidemment pas baisser les prix d'un centime.
Hier comme aujourd'hui, les gouvernements n'ont jamais eu la moindre intention de contrarier en quoi que ce soit les affaires des industriels de l'agro-alimentaire et des capitalistes de la distribution. Et l'annonce par Fillon de son dispositif embrouillé de lutte contre la valse des étiquettes exprime on ne peut plus clairement qu'il ne veut rien faire de sérieux contre les propriétaires de Carrefour, Auchan et autres. Il s'agit là de capitalistes qui font partie des plus grandes fortunes du pays et qui remplissent leurs coffres-forts (et les caisses de l'État par la même occasion, grâce à la TVA prélevée au passage) en vidant les poches des consommateurs, et il n'est pas question de les contrarier sérieusement.
Autant dire qu'on ne peut rien attendre de Fillon, de ses petits poings et de son gouvernement pour modérer les hausses des prix, et surtout pas qu'ils éteignent la flambée en cours.